Opinions - 30.10.2011
Pour un «parti musulman moderniste»
Les élections du 23 octobre ont déçu les modernistes, quelque soit le groupement auquel ils appartiennent. Les résultats n’étaient pas à la mesure de leur longue lutte contre la dictature et de leur ferme engagement pour les libertés et la démocratie. Je pense que deux raisons principales expliquent cet échec.
La première est leur dispersion en une multitude de Partis et de listes indépendantes, alors qu’En Nahdha constitue un groupe compact, disposant de militants déterminés, présents partout, dans les villages et dans les quartiers populaires des villes. Aussi, est-il urgeant, en prévision des prochaines élections , et quelle que soit la position qui sera prise par rapport à la formation du prochain gouvernement, que les groupes modernistes fusionnent, en commençant par un noyau formé de 2 ou 3 Partis importants auquel se joindront certainement d’autres formations ainsi que des indépendants, et que les locaux du nouveau Parti soient rapidement installés et fonctionnent partout dans le pays.
La deuxième raison de la faiblesse des votes en faveur des modernistes est qu’ils ont malhabilement centré en grande partie leur campagne sur la nécessité de séparer la religion de l’Etat. Leurs adversaires ont alors propagé de bouche à oreille que ces modernistes sont des athées, des ennemis de l’Islam. Or, et contrairement à la propagande nahdhaouie, les militants pour la modernité sont des musulmans, comme l’immense majorité du peuple tunisien. Ils considèrent que l’Islam peut être un moteur de progrès si les préceptes islamiques sont interprétés conformément aux nécessités du siècle présent, alors qu’En Nahdha veut les figer tels qu’ils étaient compris au Moyen Age, en se limitant au sens littéral des textes.
C’est pourquoi il me semble possible de mettre en face d’En Nahdha un grand groupement qui serait issu initialement de la fusion de deux ou de trois grands Partis, et qu’on pourrait appeler « le Parti Musulman Moderniste».
Hamed Zeghal