Nos élections et la sinistrose de la presse française
« Le début de l’automne arabe », « Les barbus au pouvoir », « Tout ça pour ça !» Depuis la proclamation des résultats des élections en Tunisie, la sinistrose a gagné la quasi-totalité de la presse française. L’épouvantail islamiste est agité par les commentateurs. On évoque les Talibans, l’Iran. On craint l’effet domino, les pires scénarii. La victoire des « frères musulmans » en Egypte, le mois prochain, la prise de pouvoir des islamistes en Syrie, au Yémen et peut-être demain en Algérie, au Maroc.
Pourtant à la lecture des commentaires, on a un sentiment de déjà vu. Ce catastrophisme nous rappelle 81, la victoire de Mitterrand aux présidentielles et l’entrée des communistes au gouvernement. Que n’avait-on pas dit et écrit alors sur une imminente invasion de la France par l’armée rouge. Non seulement, ces prédictions ont été démenties par les faits, mais le PCF qui représentait 20% de l’électorat a été depuis, laminé et réduit à sa plus simple expression (moins de 5%). Parti de mécontents, il n’a pas résisté à l’épreuve du pouvoir. S’agissant de la Tunisie, rares ont été les commentateurs qui ont relevé que le parti Ennahdha n’avait remporté que 40% des sièges et ne pourra gouverner sans l’alliance des partis de gauche qui n’ont nullement l’intention de jouer les faire-valoir, de simples alibis démocratiques. De plus, il aura en face de lui, un large spectre de partis et une société civile dynamique et décidée à défendre bec et ongles les valeurs qui sont les siennes en matière de droits de la femme et de libertés individuelles. Alors, rassurez-vous, chers confrères, les Tunisiens ne se laisseront pas voler leur révolution.