Lina ben Mhenni toujours au combat
La fondation Jonas Weiss Memorial Fund a décerné son prix honorifique, au titre de l’année 2011, à la bloggeuse Lina Ben Mhenni.
Le prix lui a été attribué pour sa contribution efficace à la lutte contre le régime de dictature dans son pays d’origine, ce qui a amorcé le printemps arabe qui appelle à la démocratie dans la région du MENA.
Ce prix a été créé en 2002 à la mémoire du jeune diplomate suédois Jonas Weiss qui a travaillé en Iraq et trouvé la mort, durant la même année, à l’âge de 33 ans, dans un accident de la route entre Baghdad et Amman.
Le prix a été remis, jeudi, à la bloggeuse Lina Ben Mhenni par les parents du jeune diplomate, lors d’une cérémonie officielle organisée à Stockholm, au siège du ministère des Affaires étrangères et sous la présidence du secrétaire d’Etat aux affaires étrangères de Suède.
Lina avait déjà été nominée pour le Prix Nobel de la paix. Dès que son nom avait commencé à être cité à Stockholm, Lina a fait l’objet de soutien d’un grand nombre de fans, mais aussi et malheureusement d’ignobles attaques. «C’est une horreur !», lâche-t-elle avant d’ajouter : «En fait, j’y suis habituée. Mais, cette fois-ci, ce qui m’écoeure, c’est que ce n’est pas moi qui suis attaquée, c’est la Tunisie avec tout ce qu’elle incarne aujourd’hui». Comment l’a-t-elle pris ? «Pas le temps pour m’en occuper et en plus, ce n’est pas le moment. Il y a plus urgent pour la Tunisie ».
A quoi se dédie actuellement Lina Ben Mhenni ? «J’enseigne à la faculté des Lettres, au 9 Avril, je travaille sur ma thèse de doctorat en linguistique et analyse du discours et je blogue. Le peu de temps qui me reste, je le consacre à mon activisme pour le bien de la Tunisie, ça m’occupe déjà pleinement !»
Entre-temps, son livre «Tunisian Girl, Blogueuse pour un printemps arabe», poursuit son franc succès en Tunisie et en France. «J’ai eu le plaisir de le lire d’un seul trait dans le TGV, un crayon à la main », nous dit l’écrivain et essayiste Hédi Bouraoui, établi à Toronto et qui était récemment en France. «Un grand bravo à Lina, poursuit-il, pour ce document qui restera dans l’histoire de notre pays car il reprend les différentes étapes de l’apport de la technologie de pointe à la base du bouleversement du pays.
Et de ce fait, la parole vive nationale s’est unifiée, métamorphosant ainsi les mentalités. Finalement, nous sommes parvenus à sortir du silence, à accéder à la liberté d’expression et à relever la tête au lieu de courber l’échine. Ce livre montre bien le courage, la détermination, le savoir-faire, non seulement de son auteure, mais des jeunes internautes qui ont pris part à la préparation de la révolution au risque de leur vie. »