Fête de l'arbre : comment le Belvédère a échappé aux rapaces de Ben Ali
Le choix n’était pas fortuit ! En se rendant dimanche matin au parc du Belvédère pour donner le coup d’envoi de la Fête de l’Arbre, le Président de la République par Intérim, M. Foued Mebazaa, voulait sans doute marquer l’inviolabilité de cet espace écologique exceptionnel qui avait failli être mis en concession au profit des rapaces de Ben Ali. Quelques jours seulement avant la révolution, un cahier des charges portant mise en concession de ce grand parc allait être publié. Elaboré conjointement par les services du ministère de l’Environnement et du Développement Durable (MEDD) et la Ville de Tunis, il devait permettre à des concessionnaires privés de prendre en main le Belvédère pour une durée de 99 ans, sous le motif de mieux l’entretenir, d’y aménager des zones de loisirs et de restauration et de redonner vie au Zoo.
Ne serait-ce que pour avoir été longtemps Gouverneur-Maire de Tunis, le Président Mebazaa y est personnellement très attaché. Sa venue dimanche au Belvédère est un témoignage de soutien personnel, en plus d’une affirmation officielle. C’est ainsi que lorsque Mme Emna Charfi, au nom de l’Association des Amis du Belvédère l’a adjuré de trouver une solution pour préserver le parc contre toute convoitise, il n’y a pas non seulement acquiescé mais aussi déclaré qu’il faudrait l’inscrire parmi le patrimoine naturel universel et lui trouver les ressources financières nécessaires pour mieux l’entretenir et le doter de meilleurs équipements de loisirs.
D’habitude, lorsqu’on reçoit le Président de la République à l’occasion de la Fête de l’Arbre, on ne lui parle que de performances. C’est méconnaître la franchise et le sens de l’Etat du ministre Mokhtar Jellali qui n’a pas hésité à mettre toutes ces pénibles données sur un grand panneau et les présenter au Président Mebazaa, à Koubbet El Hawa, avant d’inviter le public à en prendre connaissance et conscience. Mais, heureusement, d’autres indicateurs, positifs en matière de reboisement viennent nous réconforter. Pas moins de 8373 ha de terres nues bénéficient cette année du programme national de plantations. Aussi, 3 750 000 nouveaux plants ont été plantés, tant par les services du ministère que des établissements publics et les privés. Encore plus, l’éveil de la société civile et son engagement écologique se traduit par de multiples initiatives et une grande vigilance. Beaucoup reste à faire, à commencer au Belvédère.