News - 19.11.2011

Mebazaa : les gestes de fidélité avant le départ

Il y a un devoir de fidélité que tout chef d’Etat s’apprêtant, dans un régime démocratique, à passer le relai, tient à accomplir. C’est ce qu’a fait le Président par Intérim, M. Foued Mebazaa, en rendant hommage, samedi matin, à d’illustres figures nationales et célébrant la révolution. La fameuse place de l’horloge en plein centre-ville, d’où la statue équestre de Bourguiba avait été déboulonnée pour devenir celle du 7 Novembre portera désormais le nom Place du 14 janvier 2011. « Cette fois-ci, c’est définitif », s’est félicité un passant, surpris de voir débarquer le président de la République pour dévoiler la plaque.

Quelques mètres plus loin, la rue de Yougoslavie, maintenant qu’il n’y a plus de Yougoslavie, change nom pour s’appeler désormais rue Radhia Haddad. La grande militante, longtemps présidente de l’UNFT, n’hésitant pas à dire non à Bourguiba quand il s’est agit de démocratie, de pluralisme et de respect des libertés, quitte à le payer cher, y trouve aujourd’hui un témoignage de reconnaissance. Le hasard s’y est ajouté : la rue borde le Ministère de l’Intérieur et  nombre de ses annexes, là même où Radhia Haddad, comme beaucoup de militants, avait eu son lot de vexations et de pressions, échappant de peu à des pratiques plus abjectes. Les membres de sa familles, présents ce samedi, avaient tous les yeux humides.

Nouvelle étape de cette tournée de la fidélité et de l’hommage, l’angle de l’avenue Charles Nicolle et la Z4, cette grande artère qui longe la Pharmacie centrale d’un côté et l’INAT de l’autre, allant à travers la Cité El Khadhra jusqu’à la route de la Marsa. C’est le nom de Béhi Ladgham, militant nationaliste de la première heure et ancien Premier ministre qu’elle portera désormais. Son frère, l’ancien ambassadeur Salah Ladgham, son fils, le Dr Abderrahmane Ladgham et ses proches, Hammadi Ben Said et le Dr Fethi Tébourbi, présents, en sont, eux aussi, très émus.

Dernière halte aux Berges du Lac, où le nom de Hassib Ben Ammar a été donné à l’avenue centrale, qui part d’El Aouina vers le Lac. Ancien ministre de la Défense, il avait démissionné de son poste, comme sa sœur Radhia Haddad, repris son cartable pour aller enseigner à Sadiki et, surtout, fonder Erraï, Démocratie, le Conseil National des Libertés, la Ligue Tunisienne des Droits de l’Hommes et autres bastions de résistance contre la dictature.

Le Président M. Mebazaa y a tenu avant de partir : la Tunisie regorge de militants de différentes générations et convictions, longtemps opprimés et occultés, qui méritent reconnaissance et célébration. Le signal est donné, aux nouveaux élus de continuer sur cette même lancée. Plus qu'un devoir de fidélité, c'est devoir de mémoire.
 

Tags : mebazaa