News - 29.11.2011

Le Festival du Film tunisien à Paris de retour après deux ans d'éclipse

De notre correspondant particulier à Paris, Elyès Slim Ghedira- Après deux années d'absence, le festival du Film Tunisien a repris cette année ses sessions, marquant de son empreinte l’actualité culturelle parisienne de cette semaine. La cérémonie d’ouverture a été marquée par la projection du magnifique film « Les palmiers blessés » de Abdellatif Ben Ammar, long métrage traitant frontalement des évènements de Bizerte de 1961, à travers une fiction mettant en scène des personnages enquêtant sur une  vérité insaisissable  par le biais des mensonges et des versions officielles retenues. Une production courageuse car surtout produite au début de 2010, alors qu'i n'était pas toujours commode de parler de l’histoire moderne de la Tunisie autrement qu'à travers le prisme de l'histoire officielle.

Mais pourquoi ce choix de la thématique de la guerre de Bizerte. Nous avons posé la question à Abdellatif Ben Ammar, le réalisateur du film : « je voulais rendre hommage à l’histoire moderne de notre pays, très méconnue par les jeunes, la guerre de Bizerte étant elle-même complètement ignorée par les manuels d’histoire et d’enseignement scolaire ou par les médias. Je voulais susciter ce débat sur la désinformation, déjà il ya deux ans. Concernant la révolution tunisienne de 2011, je comprends que les cinéastes tunisiens aient été dépassés par les évenements, car trop brutaux et trop rapides et qu’ils n’aient pas été capables de mettre sur support artistique cinématographique l’importance et la richesse de la vie socio-politique depuis le 17 décembre 2010. Pour ma part, j’ai déjà un scénario, prêt à tourner, que j’ai rédigé depuis des années. Avec la révolution tunisienne, ce scenario prend tout son sens, je pense que ce sera mon prochain film.

Le festival a eu quatre axes d’activité, ciblant a promotion du film Tunisien (cinéma, documentaire, essai audio-visuel … ) :
- compétition de court-métrages
- compétition de scénarii
- projection de long-métrages
- projection de documentaires

Après trois journées fort sympathiques marquées par de nombreuses rencontres tuniso-françaises entre artistes, acteurs et professionnels du 7ème art, Les Festival est arrivé à son terme dimanche soir avec une cérémonie de clôture dans une l’ambiance très friendly.

Concernant les court-métrages, 12 productions concouraient, aussi bien variés sur le thème que sur le style. Les productions signées Propaganda (Imed Marzouk, Najib Belkadhi) ont bien été en vue, notamment « Condamnations » de Walid Mattar, et « Linge sale » (Malik Amara, Propaganda Prod, 2010) avec Wajiha Jandoubi et Jamel Sassi.

Si « Pourquoi Moi ? » de Amine Chiboub a eu les faveurs du Public, le Jury a préféré primer « Vers le Nord »,  un court-métrage plus sombre et dramatique, dans un style actor studio avec des plans très serrés qui traite de la réalité brute des passeurs d'immigrés clandestins et de la Mafia qui exploite ces miséreux, court-métrage réalisé par Youssef Chebbi, avec pour acteurs principaux Helmi Dridi (que le public tunisien connait bien par son rôle de Montassar dans Maktoub), et Mohamed Hassine Grayaa.

Helmi Dridi qui a décroché aussi  le prix de la meilleure interprétation masculine s'est déclaré très enchanté par ce prix, qui «vient me conforter dans les choix professionnels que j’ai pris depuis des années. Il est vrai que le public tunisien m’a surtout connu grâce à ma participation dans « Mektoub » un feuilleton TV ramadanesque très en vue, mais il est clair que c’est ma formation théatrale de base et une certaine expérience dans le Cinema qui ont permis de donner à « Montassar » tout l’intérêt et la profondeur qui lui étaient nécessaires. Je suis resté loin de l’univers de la TV depuis cet épisode, mon univers premier reste le théâtre et le Cinéma, notamment ces dernières années à Paris où je suis installé désormais (ndlr : le réalisateur français Jacques Malaterre lui confie depuis 2007 quatre premiers rôles dont "Le Sacre de l'homme", "Ao, le dernier Néandertal" et "Carmen", alors que Jean-Jacques Annaud l'a fait jouer dans "Black Thirst")

Le palmarès de l’édition 2011 du Festival du Film Tunisien :

  • Prix du scénario:
    • « Au Nom du Père » de Lotfi Achour
  • Prix du Public du Meilleur Film (vote général du public présent) :
    • « Pourquoi Moi ? – Alech Ena ? » de Amine Chiboub
  • Les Prix du Jury:
  • Meilleur Film :
    • « Vers le Nord » de Youssef Chebbi
  • Meilleur Réalisateur :
    • Youssef Chebbi pour « Vers le Nord »
  • Meilleur Rôle Masculin :
    • Helmi Dridi pour « Vers le Nord »
  • Meilleur Rôle Féminin :
    • Wajiha Jendoubi pour « Linge Sale »
  • Meilleure Image :
    • Amine Messadi pour « Le Pont » et « Vers le Nord »
  • Meilleur Décor :
    • Mohamed Nidhal Battiche pour « La Complainte du Poisson Rouge »
  • Meilleur Montage :
    • Badi Chouka pour « Pourquoi Moi? »
  • Meilleur Son :
    • Walid Ouerghi pour « Linge Sale »

Ce qui nous donne 4 prix pour « vers le Nord », 2 prix pour « Linge sâle » et 2 prix pour « pourquoi moi ? »

E.S G