Ennahdha mise en minorité en commission à la Constituante ... en attendant la plénière
Journée fertile en évènements ce mardi avec deux temps forts qui semblent intimement liés :un vote significatif en commission à l’Assemblée constituante avec la mise en minorité d’Ennahdha et l’occupation du bureau du doyen de la faculté des lettres de la Manouba par un groupe de salafistes.
On la croyait à l’abri d’une mauvaise surprise avec ses 89 sièges et ses deux alliés, le CPR et Ettakattol et voilà qu'Ennahdha chute ce mardi à la commission chargée de l’organisation provisoire des pouvoirs publics de la Constituante sur deux articles, l’article 5 relatif aux attributions du Président du Conseil qui a été rejeté par 12 voix contre 9 (celles d'Ennahdha) et une abstention et l’article 8 relatif aux modalités de vote du projet de la nouvelle constitution rejeté lui aussi par 13 voix contre 9.Dans les deux cas les deux partenaires d'Ennahdha dans la coalition ont voté contre et se sont abstenus une seule fois.
Les divergences de vues concernaient «les larges prérogatives que certaines parties, dont Ennahdha, cherchaient à faire passer en faveur de la Présidence du Gouvernement qui seraient similaires à celles dont disposaient l’ex-président» a indiqué Mahdi Ben Gharbia (PDP). Il a cité, à ce propos, les pouvoirs de désignation des ministres, la création de nouveaux ministères, la nomination des directeurs généraux outre la délégation de la moitié des prérogatives du président de l’Assemblée constituante à la présidence du Gouvernement lors de l’instauration de l’Etat d’urgence.
Les résultats des travaux de la Commission devront être soumis «dans deux jours» à la présidence de l’Assemblée Constituante avant d’être examinés par les constituants en plénière, selon un membre de la commission. Compte tenu des divergence qui se sont fait jour mardi à propos des articles 5 et 8, il est peu probable que ce délai soit respecté.
Le deuxième évènement est relatif à l’occupation depuis hier du bureau du doyen de la faculté des lettres de la Manouba, la plus importante du pays, par une trentaine de salafistes. Ce geste a mis en émoi les milieux universitaires qui se sont mobilisés avec des meetings ce mardi à la Manouba et des appels à la grève des cours, mercredi pour les étudiants et des enseignants, jeudi prochain. Ce n'est pas la première action de ce courant, mais sans doute celle de trop à en juger par par la levée des boucliers qu'elle a provoquée.
On remarquera, une fois de plus, le silence assourdissant des gens d'Ennahdha.