Caïd Essebsi n'attend que la passation pour annoncer la création de son parti
« Ma place sera comme auparavant, au cœur de l’arène politique ! » affirme M. Béji Caïd Essebsi, le jour même où il entre dans sa 85ème année. Quand on l’interroge sur ses projets, maintenant qu’il a présenté la démission de son gouvernement et s’apprête à passer la main à son successeur à la Kasbah, il préfère ne pas le déclarer avant de quitter le Premier ministre. Mais, en fait ce n’est plus un secret pour personne. Sollicité de toutes parts, il se résout à fonder son parti. Béji Caïd Essebsi estime certes qu’ « un homme politique ne peut pas rester éternellement au pouvoir et doit savoir partir », sans pour autant croire, aussi, qu’il doit renoncer à l’action et prendre sa retraite.
Galvanisé par les 9 mois qu’il vient de passer, dans des moments historiques, à la tête du gouvernement, stimulé par son auréole personnelle lors de ses rencontres avec Obama et les dirigeants du G8, comme avec ceux des pays de la région et, surtout, sensible aux multiples sollicitations de nombreuses figures tunisiennes comme d’humbles citoyens, il semble décidé à poursuivre le combat. Cette fois–ci, de l’extérieur du pouvoir, « dans l’opposition positive ». Seul ou en groupe ? « Avec ceux qui accepterons de travailler avec moi », a-t-il répondu à nos confrères d'El Maghreb, Slah Jourchi, Zied Krichen et Hachemi Troudi qu’il vient de recevoir pendant près de trois heures.
Au moment où de nombreuses voix appellent à une large alliance de partis du centre, l’idée serait plutôt, selon ceux qui incitent le plus M. Essebsi à s’y lancer, est de créer un parti moderne, autour de lui, sans chercher pour le moment alliances ou ralliement, en laissant la porte largement ouverte à tous ceux qui, à titre individuel, ou en tant que groupes ou autres structures, souhaitent s’y joindre. Cette option, plus flexible à leurs yeux, évite les susceptibilités quant à la représentation des autres partis dans les structures du parti qui sera créé. L’adhésion devant se faire à titre personnel, l’accès aux fonctions sera plus simple, en attendant que le congrès constitutif s’y prononcera par la démocratie du vote.
« Je me mettrai au service de l’intérêt national », laisse dire M. Béji Caïd Essebsi, avant d’expliciter davantage sa pensée. « J’avais déjà dit que la Tunisie a besoin d’une succession d’élections démocratiques et recommandé le maintien de l’ISIE et sa transformation en instance permanente indépendante. Il faut que les Tunisiens s’intéressent davantage à la vie politique et l’action des parties car il y a une tension perceptible suite aux derniers résultats auxquels beaucoup ne s’attendaient pas. Celui qui veut en recueillir d’autres, n’a qu’à se préparer dès à présent aux futures échéances électorales ».
Tout est dit. Il n’y va pas par quatre chemins, rappelant comment l’atomisation des partis et listes avaient contribué à l’effritement des voix. « S’il y avait moins de partis participants aux dernières élections, quatre ou cinq parmi eux auraient obtenu une bonne quantité de voix à même de les faire siéger en bonne position avec les trois premiers du scrutin ». Suivez mon regard : il faut y aller.
Il va falloir donc juste attendre la passation avec le nouveau locataire de la Kasbah et voir la création du nouveau parti de M. Béji Caïd Essebsi, se confirmer. Selon ses proches, son initiative est d’ores et déjà très attendue.