La mini-constitution adoptée, tout doit commencer au plus vite: l'agenda
La semaine qui commence sera sans doute celle des investitures : à Carthage où se prépare à s’installer le Dr Moncef Marzouki, à la Kasbah d’où Hamadi Jebali conduira le gouvernement de coalition et dans la quasi-totalité des ministères. D’ici jeudi ou vendredi au plus tard, la nouvelle équipe au complet sera à la barre. La Tunisie, impatiente, a hâte de la voir à l’œuvre, tant les urgences sont nombreuses, les attentes grandes et la stabilisation sécuritaire et sociale et la relance économiques vivement implorées.
Il aura fallu pas moins de cinq longues journées et plus de 60 heures d’intenses débats, souvent très enflammés, pour que la loi sur l’organisation provisoire des pouvoirs publics soit adoptée, samedi soir à minuit. Devant des millions de téléspectateurs suivant en direct ce marathon inédit, la mini-constitution a en effet pu naître, « aux forceps », à 141 voix pour et 37 contre, jetant ainsi les premier fondements légitimes des institutions post-révolutionnaires de la Tunisie. L’émotion était vive sous la coupole du Bardo, lorsque le président de l’Assemblée, le Dr Mustapha Ben Jaafar qui avait épuisé toute sa patience et son habileté dans la conduite des débats, a annoncé le résultat final. De nombreux élus, de toutes les familles politiques représentées sont montés au perchoir le congratuler avant d’aller féliciter les membres de la commission en charge du projet de loi, notamment son président Habib Khdher et son rapporteur Raouf Ayadi, avant que fuse l’hymne national entonné avec beaucoup d’émotion.
Même si l’équilibre des voix favorise nettement la coalition formée par Ennahda, le CPR et Ettakatol, l’opposition a pleinement joué son rôle, défendant âprement ses positions et parvenant souvent à obtenir des « concessions » jugées « partiellement satisfaisantes». Dans ce premier exercice de la démocratie parlementaire que les Tunisiens découvrent avec grande attention, des appréciations par çi et des frustrations par là, un premier jalon important sur la voie de la transition est posé.
La semaine des investitures
Maintenant que les règles sont fixées, il va falloir avancer très rapidement tant pour l’élection du président de la République que pour la formation du gouvernement. Dès le lundi après midi, les élus de la nation auront à examiner les candidatures reçues et élire le président de la République, poste qui reviendrait sans doute au Dr Moncef Marzouki. Aussitôt son élection, il prêtera serment au Bardo. Une cérémonie d’investiture et de passation des pouvoirs avec le président par intérim, Foued Mebazaa est prévue dans la grande salle du Palais de Carthage, d’ici mercredi au plus tard. Les services de la Présidence, nous dit-on, sont à pied d'oeuvre, veillant à tous les détails,et n'attendant que la proclamation officielle pour lancer les invitations.
A l’issue de cette cérémonie, le nouveau président de la République recevra Hamadi Jebali et le chargera officiellement de former le gouvernement. La composition du gouvernement sera alors adressée à l’Assemblée nationale constituante pour obtenir sa confiance. Il ne restera plus aux ministres qu’à prêter serment, procéder aux passations et se mettre au travail. Première priorité, le budget de l’Etat pour l’année 2012 et les toutes premières mesures d’urgence à prendre
Quant à l’Assemblée, beaucoup de travail l’attend à commencer par l’adoption de son règlement intérieur et la composition des différentes commissions (plus de 20), avant de s’attaquer en parallèle, à l’examen des projets de loi et l’élaboration de la Constitution.