Moncef Marzouki, un président atypique
Premier président de la république à être élu démocratiquement en Tunisie comme il aime à se définir, Moncef Marzouki est un président atypique. Jusque dans sa tenue vestimentaire. Il y a d’abord, la chemise à col ouvert qui le fait ressembler à Ahmadinejad, mais aussi ce burnous de couleur ocre comme le désert de Douz, berceau de la famille, négligemment mis sur les épaules, qu’il arbore dans les sorties officielles. Ensuite, son mode de vie. De ses origines sahariennes dont il est fier, il a gardé le goût de la sobriété avec une aversion pour le clinquant et le luxe ostentatoire. Un rien timide, il est peu porté aux épanchements comme on le voit à travers ses sourires forcés . C’est un lève-tôt et un couche-tôt, parait-il, un grand bosseur aussi avec une addiction à la lecture (journaux et livres).
Quant à l’homme public, on en a eu un avant-goût cette semaine avec ses visites-surprises à Bizerte, Ben Guerdane et Tozeur. Il aime se mêler à la foule au grand dam de sa garde rapprochée, écouter les gens du peuple. Bien qu’il se soit très vite adapté à ses nouvelles fonctions, il entend rester le militant des droits de l’homme qu’on a connu. C’est ainsi qu’on peut interpréter son engagement réel et proclamé au côté des peuples opprimés, Syrie, Libye. Aux circonlocutions, il préfère le parler vrai quitte à choquer, comme il l’a montré dans son interview au journal du dimanche.
Comment réagissent les Tunisiens ? Plus qu’un nouveau président, c’est un nouveau style de gouvernement si différend de celui auquel ils étaient habitués que les Tunisiens découvrent. Quant à leur opinion, échaudés qu'ils sont, ils préfèrent attendre. Peut-être la connaîtrons-nous dans un mois ou deux. Ils pourront alors juger sur pièce.