News - 23.12.2011

Marzouki : Arrêtez grèves, sit-ins et barrages, sinon…

«Autant je comprends parfaitement les revendications légitimes de ceux qui sont en grève, en sit-in ou sur des barricades érigées sur des routes, compatissant avec la misère endurée, autant je les invite à mettre fin à leur action, à débloquer la machine de production et à respecter la trêve sociale de six mois à laquelle j’ai appelé, pour ne pas provoquer une catastrophe et sombrer dans un suicide collectif irrattrapable !». Sur un ton déterminé, le président de la République, le Dr Moncef Marzouki a tenu à lancer un message très pressant à l’adresse de tous. D’abord, aux manifestants et protestataires, mais aussi aux chefs d’entreprises, en allant à leur rencontre, vendredi matin, au siège de l’Utica.

Compréhensif des revendications sociales, préférant à ce stade, comme il l’a souligné, opérer sur le registre de l’appel à la raison, il n’a pas hésité à stigmatiser « l’acharnement de ceux qui veulent bloquer la machine de production et mettre l’économie à genoux ». « Non seulement ils ne pourront pas, par leur action résoudre leurs problèmes, mais au contraire, ils risquent de poignarder la Tunisie dans le dos », a-t-il affirmé.

Encore plus ferme, il va jusqu’à dire : «si cet appel à la raison ne porte pas, je crains de nous voir amenés à adopter l’ultime démarche de l’application de la loi, ce à quoi nous ne souhaitons pas y arriver. Nous serons dans la légitime obligation de dire à ceux qui veulent accabler l’entreprise et la plomber : ôtez-vous, dégagez ! L’Etat  saura faire respecter la suprématie de la loi ! ».

Plus d’un millier de chefs d’entreprise, venus de toutes les régions du pays ne pouvaient qu’y souscrire. Dans son analyse des racines du mal, le chef de l’Etat n’avait pas pourtant hésité à rappeler que tous, y compris, la communauté d’affaires, comme l’Etat assument, avec les régimes successifs, plus de cinquante ans d’oppression, d’inégalités et d’opportunisme, immanquablement générateurs de déséquilibre, de sentiment d’injustice et de frustration. « Nous avons tous commis des erreurs que nous devons aujourd’hui, ensemble, rattraper, dans un nouvel élan commun, solidaire, responsable et respectueux de la dignité humaine », a-t-il martelé.

Ce qui est rassurant pour le président de la République, c’est qu’un «gouvernement sérieux se met actuellement en place pour conduire des réformes efficientes », et que la Tunisie aspire aujourd’hui plus que jamais au retour de la stabilité et à la reprise de l’économie.

Restaurer la confiance de la communauté d'affaires

S'écartant totalement du discours que lui avaient préparé ses conseillers, comme il l’a dit, le Dr Marzouki, a donné libre cours à une expression directe chaleureuse, émaillée d’exemples "pertinents" (tel celui d’un reportage qu’il avait suivi vendredi matin sur la BBC, au sujet du miracle chinois, montrant une vielle dame de 70 ans qui s’est lancée dans le commerce électronique), pour établir un lien de confiance avec les opérateurs économiques et les rassurer. Allant jusqu’au bout de sa pensée, il a également développé le nouveau rôle de l’Etat, à travers quatre grands engagements et ses attentes de l’entreprise, exprimées en quatre importantes exigences.

Il faut dire, qu’en l’accueillant devant une salle archicomble, la président de l’Utica, Ouided Bouchammaoui n’avait pas mâché ses mots. Se faisant l’interprète du sentiment général de ses adhérents, elle avait détaillé le supplice subi par un grand nombre d’entreprises, les forts dégâts enregistrés, les menaces de faillite et les graves fermetures d’unités tunisiennes et étrangères, avec toutes les conséquences sur l’emploi et l’économie. « Il est grand temps, a-t-elle dit de faire appliquer la loi, pour sauver l’entreprise et le pays ». Tout en réaffirmant l’engagement des chefs d’entreprise, malgré la difficile conjoncture économique qui persistera en 2012, à souscrire à un contrat de croissance.

Une ligne très précise que tient fermement l’organisation patronale et qui trouve son écho auprès des nouveaux gouvernants, au grand espoir des chefs d’entreprise.

Lire aussi : Marzouki : Les 4 engagements de l’Etat et ses 4 exigences

Tags : moncef marzouki  
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12 Commentaires
Les Commentaires
Abderrahman - 23-12-2011 14:58

Nous aurions aimer entendre ce discours avant les élections. Il aurait été plus crédible et aurait montré un vrai patriotisme.

Mohamed Chawki Abid - 23-12-2011 18:11

Carton Jaune ! Après avoir gentiment appelé la semaine dernière les syndicalistes à une trêve sociale en vue de pouvoir remettre la machine en marche et de rétablir la production et la circulation de marchandises, le Président a sorti ce matin le carton jaune en prévenant le recours ultime à l’application de la loi, démarche à laquelle il ne souhaiterait y arriver. Soucieux de la persistance de la paralyse douloureuse de notre économie, il a confirmé la légitime défense des intérêts publics et des biens sociaux, par le respect de la suprématie de la loi. Je demeure persuadé qu’au terme des élections des membres du BE de l’UGTT (27 décembre 2011 à Tabarka), la nouvelle gouvernance de l’organisation syndicale saurait décoder le message et raisonner les acteurs catalyseurs des réactions suicidaires. Ce faisant, nous éviterons de voir sortir le carton rouge. En marge de l’intervention du Président, j’ai pu noter le souhait de certains chefs d’entreprises que le Pacte 4x4 ainsi proposé (Entreprise / Etat) puisse être complété par un 3ème quarté Employé (pour bien compléter le nouveau pacte social des 3E) : 1. respect de l’entreprise & la hiérarchie, 2. dévouement et loyauté au travail, 3. respect des conditions réglementaires d’une mise en grève, 4. indexation des futures augmentations selon les moyens & performances de l’entreprise, d’une part, et l’efficience globale de l’employés (productivité, discipline, qualité de prestations, …), d’autre part.

nadia - 23-12-2011 23:26

brassens chantait les copains d 'abord le president Marzouki les patrons d 'abord...pourquoi pas un grnelle ou un bardo employés patons avec les syndicats c 'est plus efficace et ethique.j 'ai de la sympathie pour le president Marzouki mais je suis vigilente quand ses artenaires nahdahoui ils n 'ont pas une seule fois condamné les exactions et la pression exercées sur les femmes pour porter la TENUE ou le foulard.ils ont voulu arriver au pouvoir par la violence ils ont échoué ;ils ont choisi les urnes surfant sur la révolution et à ne pas manquer de souligner qu' une élection a besoin d 'argent c 'est le nerf de la guerre ils n 'ont pas l 'air d 'en manquer et la gauche ne s 'est pas débarrassé de son archaisme et élitisme.c 'est quand meme bon de voir le peuple à la télé.etre universitaire est une condition nécessaire mais non suffisante pour etre un bon politique regardez lula au bresil ou le chef de solidarnosc.etre on homme politique est un job de professionnels et non de pistonnés...

KYNarjess - 24-12-2011 09:19

Tout à fait d'accord avec vous Mr Marzouki, nous en avons mare de ces grèves qui ne finissent pas, que tout le monde sache qu'il y a des règles à respecter... Si non nous n'allons pas en sortir. Il y a plusieurs autres méthodes pour s'exprimer et demander certaines choses...

mahmoud Bédoui - 24-12-2011 10:48

J'ai bien aimé la phrase "Un gouvernement sérieux se met actuellement en place pour conduire des réformes efficientes". Comprendre qui voudra et en principe, les réformes demandent des années et non pas un an ou un an et demi, à moins que ... Par contre, ce que je ne comprends pas du tout. Qui mène la politique intérieure du pays d'après le texte adopté il y a quelques jours ? Pour le reste, c'est une simple répétition des analyses, constats et menaces sous Ben Ali. Laissez-nous faire sinon... Une politique économique d'un capitalisme ultra libéral va aller encore plus loin. La moindre contestation et hop. Le bâton ! Je ne pense pas que les crèves-la-faim vont se taire aussi facilement qu'à l'ancienne époque.

khlifi - 24-12-2011 12:53

J'ai bien apprécié le discours équilibré et ferme du Président Marzouki.Nous attendons les mesures sur le terrain.Avouons que ce discours a tardé.

Mhamed Hassine Fantar - 24-12-2011 13:31

Il faut avoir le courage d'appliquer la loi tant pour les entreprises que pour les travailleurs et les sans travail.Les organisations nationales notamment les syndicats doivent prendre en charge l'éducation des masses ouvrières à l'éthique de l'entreprise et au respect de la grammaire socio-économique. Les déclarations politiques se feront catastrophiques si elles restent platoniques

lassoued bechir - 24-12-2011 15:34

Je crains que nous soyons déjà entrés dans une phase irréversible de notre situation économique, comparable à celle affrontée après une guerre dévastatrice. La France, a connu cette situation en 1945. La Lybie et l'Egypte sont en train de la vivre. A mon avis, rien n'est comparable aux situations de paix. Il faut des mesures draconiennes pour agir avant tout, et surtout, sur les hommes d'abord, ensuite sur les institutions. A ces situations exceptionnelles, il faut des mesures exceptionnelles: Nationalisations, interdictions( limitées dans le temps) des sit-in et des grèves,intervention de l'armée pour faire marcher nos activités vivrières, comme l'agriculture , l'industrie, le transport...dans le cas de la moindre menace sur ces secteurs de l'économie. Tout cela pour dire, que la situation ne peut pas continuer ainsi, sans qu'un gouvernement patriote et sérieux, ne soit amené d'une façon ou d'une autre, d'avoir recours à des "lois d'exception", pour sauver les structures de l'Etat, si chères à Bourguiba.

myriem ayoub - 24-12-2011 16:50

Paroles, paroles, toujours des paroles! n'ayant rien à faire, il faut bien qu'il justifie son salaire!!!

abdel - 24-12-2011 20:42

Jusqu’à quand les sit-ins, les manifestations et les grèves. Tout d'abord, à partir du début de la révolution jusqu'à maintenant, les majeures demandes d'augmentations de salaire sont des opérations d'extorcations et de chantages, et aucun responsable n'a le droit de donner l'argent de la communauté à une catégorie quoi quelle soit, surtout pas à des opportunistes. D'autre part les bandits qui mettent le feu aux institutions de la république quand est ce qu'ils seront arrêtés et punis. Personnellement je pense que les responsables qui ne font rien sont complices. D'autre part, des milliards de dollars ont étés perdus par l'état à cause des arrêts de la société de phosphate Gafsa et du complexe chimique de Gabès. Cet argent aurait due être utilisés par l'état, entre autre pour créer des postes d'emplois pour ces gens irresponsables qui bloquent ces entreprises. Les responsables ne doivent pas accepter de tel gâchis. Il faut que les gens comprennent qu'on n'accepte pas que quelqu'un fasse un trou dans le navire qui nous porte tous. Celle ci est la principale cause pour laquelle les responsables ont étés élus. Pour les employeurs Tunisiens, il est temps de penser à payer ses impôts et à respecter leurs employés en les payant correctement.

Khaled - 25-12-2011 12:47

notre président de "gauche" a choisi son camp, pas celui des travailleurs et des chômeurs, non il a choisi celui des patrons et des capitalistes ! Aux uns, les travailleurs, ils fait les yeux méchant en les menaçant et aux autres les yeux doux. Aucune contre-partie n'a été demandé aux patrons comme la suspension des licenciements abusifs, l'arrêt du recours au travail journalier, l'amélioration des conditions de travail. Non rien à eux, il n'a rien demandé. Il a choisit son camp. Je rappelle que cette proposition ne figurait pas dans le programme du candidat Marzouki. L'opposant Marzouki n'est pas le président "Marzouki"...

Jean-Paul Gréven - 25-12-2011 15:54

Enfin un discours réaliste et responsable. Ces mots, je les attendais depuis février dernier (10 mois !) ! Cet homme aime son pays et ne désire pas qu'il retombe dans le Moyen Age dont il avait mis 1.000 ans à sortir. La Tunisie, quasiment dépourvue de ressources naturelles, ne peut s'auto-satisfaire et a un urgent besoin de relancer son activité touristique et d'attirer les investisserus étranger...s. Cela ne se fera pas sans un respect total des biens et des personnes. Les sits-in, les grèves, les malversations de toutes sortes, l'omniprésence des salafistes feront fuir définitivement tous les étrangers. En Tunisie, actuellement, il y a quelques centaines d'extrémistes musulmans, il y en a quelques milliers dans le monde, face à 5 MILLIARDS de Chinois et d'Indiens. Que représentent les "fous" d'Allah face à Boudha et à Shiva ? Ils seront avalés, mangés tout crus avec un bol de riz ! Je suis très pessimiste pour ce beau pays que j'aime mais, hélas, la majorité de la population, celle qui est très accueillante, moderne et altruisite, reste inerte, silencieuse face à ces goupuscules d'obscurantistes barbus ( arborant barbe, voile et niqab et prêches auto-destructrices dans certaines mosquées) et réclamant la "viande" halal sans se rendre compte qu'en réagissant ainsi, il n'y aura bientôt plus de viande du tout pour personne dans ce pays !

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