La contestation sociale gagne tout le pays
Un vent de contestation de force 4, comme on n'en a rarement vu souffle sur le pays, n'épargnant aucun secteur, ni aucune région avec partout des grèves, des blocages de routes et des sit in, et la même impatience de recouvrer des droits dont les contestataires affirment avoir été privés depuis trop longtemps. Djerba où les bacs sont immobilisés, le champ pétrolifère d’El Borma où la grève des employés de la SITEP a repris depuis lundi, à Mdhilla, Redeyef où les usines de la CPG tournent au ralenti, mais aussi dans les régions du nord ouest, au Kef dont les accès ont été fermés, à Séliana, Makthar et ses environs où les habitants ont décrété la grève générale sont concernés. Les revendications sont partout les mêmes : du travail pour les chômeurs, la titularisation pour les agents temporaires, des augmentations de salaires pour les titulaires et accessoirement quelques mots d'ordre politiques comme l'indépendance de la justice ou la liberté de la presse.
Face à ces mouvements sociaux qui s’apparentent ici à une campagne de désobéissance civile (c’est le cas à Makthar, Bou Arada et Rouhia coupés du reste du pays depuis quatre jours), là à des jacqueries comme à Jérissa ou Jendouba où ont eu lieu des actes de pillage, le gouvernement par la voix de son porte-parole, Samir Dilou, prône le dialogue et la concertation.Tout en qualifiant les revendications de « légitimes », il appelle les contestataires à tenir compte de « la situation économique difficile que traverse le pays ».
Parallèlement, le sit in des salafistes de la faculté des lettres, des sciences humaines et des arts de la Manouba se poursuit sans que le ministère de tutelle ne se décide à prendre position. Un autre acteur vient de se rappeler à notre bon souvenir, l’UGTE (l’Union Générale Tunisienne des Etudiants), proche d’Ennahdha, même si cette dernière essaie de s’en démarquer. Créée dans les années 80, cette association dont le premier président fut Abdelkrim Harouni, l’actuel ministre des transports, entend damer le pion à son ancienne rivale, l’UGET, proche de l’extrême-gauche. Déjà, des heurts violents entre les militants des deux organisations se sont produits depuis vendredi à la faculté des lettres de Sousse faisant plusieurs blessés. Il faut craindre qu’ils ne soient une simple passe d'armes en attendant la vraie confrontation. Pour ne pas être en reste, les salafistes se sont invités avec leurs drapeaux noirs.Un mélange détonant qui fait craindre le pire. Après la Manouba et Sousse, à qui le tour ?