Bouchammaoui à Lagarde: «Aidez-nous à libérer l'entreprise du politique »
« Vous avez écrit un livre intitulé « La politique est-elle esclave de la Finance ? ». Dans la même interrogation, je suis tentée par une autre interrogation que j’estime d’actualité : l’entreprise est-elle prisonnière de la politique ? Aidez-nous alors à la libérer. Nous y gagnerons tous au change ! » Sur un ton courtois mais ferme, la présidente de l’Utica, Wided Buochammaoui lance au directeur général du FMI, Christine Lagarde, un appel qui prend tout son poids. La recevant jeudi matin au siège de l’organisation pour une rencontre avec les chefs d’entreprise, elle n’avait pas omis de rappeler « les éloges flatteurs qui ont pourtant fait notre fierté sur le coup, mais occulter malheureusement certaines limites et insuffisance, voire défaillances, en raison d’une mauvaise gouvernance ».
Le FMI et la Tunisie «assument quelques part le bilan de ce parcours avec ses succès et ses erreurs », ne manquera-t-elle pas de dire, avant de souligner, « sans alarmisme, ni pessimisme, combien la situation économique nous interpelle tous». Elle reconnaît, volontiers, que derrière toute révolution, il y a un tribut à payer », qu’il faut « s’atteler à la relance de la machine économique », mais constate non sans amertume que « le déclic se fait attendre et nos entreprise continuent à se débattre… »
La présidente de l’Utica relève « comme par paradoxe, les débats politiques envahissent le paysage politique et ne semblent pas faciliter l’installation de cette visibilité, si indispensable au développement des exportations, à la dynamique des investissements locaux et étrangers et à la reprise de la croissance ».
Tout est dit. Sur la même lancée, d’autres chefs d’entreprise interrogeront le directeur général du FMI sur la disposition de son institution à soutenir le secteur privé et consolider le budget public. Sa réponse sera claire : « Oui, tout-à-fait, dès que la Tunisie le demande. Mais, le budget public dispose encore d’une certaine marge de manœuvre qu’il gagne à amorcer le plus tôt possible ». Mais, en choisissant de venir au siège de l’Utica, rencontrer les chefs d’entreprise et y tenir sa conférence de presse, Christine Lagarde voulait surtout dire à la communauté des affaires que quelles que soient les ressources publiques, c’est au secteur privé de contribuer le plus à la relance économique, en reprenant confiance et en investissant.
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