Christine Lagarde : La Tunisie a changé le regard du FMI
«Nous sommes disponibles. Mais, La Tunisie n’a, pour le moment, formulé aucune demande précise. Nos interlocuteurs se sont montrés positifs et attentifs à cette offre de services. On est en dialogue, et pas comme l’année dernière lorsqu’on nous avait dit : nous avons suffisamment de réserves, merci bien de votre offre ! » Au terme d’une visite de deux jours à Tunis, la première dans la région Afrique du Nord moyen Orient, depuis qu’elle dirige le Fonds Monétaire International, Christine Lagarde, repart sur une note positive. Même si une perplexité semble se lit à ses yeux quant à l'évolution de la situation dans le pays. Tout au long de ses entretiens, elle avait montré, comme l’a souligné le Gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie, Mustapha Kamel Nabli, « la version 2012 du FMI », celle qui diffère bien de celle des années 80.
«Aujourd’hui, affirmera-t-elle, en effet, vous avez changé votre pays, mais aussi contribué à changer le FMI qui regroupe 187 états membres. Votre révolution nous apprit à regarder au-delà des agrégats macro-économiques, pour prendre en considération d’autres données notamment l’importance du facteur emploi, la qualité des emplois, et nous rendre plus attentifs aux problèmes sociaux ainsi qu’au partage de la croissance ».
Pour Lagarde, une croissance plus soutenue, mieux partagée, sera plus durable et facteur de stabilisation. Et elle ne sera facteur d’équilibre, que si elle est créatrice d’emplois, d’où le rôle des chefs d’entreprise.
Trois conditions doivent être réunies par l’Etat à cet effet, selon le directeur général du FMI. « D’abord, mettre en adéquation le système de formation avec le marché du travail. Ensuite, ouvrer pour la simplification et la facilitation de l’investissement, dans un environnement plus amical pour les affaires. En, enfin, un climat amical, mais, sans connivence, véritable vermine de corruption qui décourage les investisseurs ».
Christine Lagarde résumera ses entretiens à Tunis en trois messages. Le FMI sera un partenaire actif et utile, si la Tunisie le souhaite. Certes soucieux des équilibres budgétaires et financiers, il demeurera intéressé par la stabilisation économique et sociale. Il va falloir se concentrer sur le développement de l’activité économique et la création d’emplois.
En clair, le FMI se tient à disposition, apportera l’assistance demandée, et soutiendra la Tunisie auprès des autres institutions et bailleurs de fonds, ainsi que pour lui « éviter la double peine d’une dégradation de sa notation souveraine, en plus de l’effet de la crise internationale». Evidemment, au prix de programmes qu’il appartient à la Tunisie de concevoir et d’entreprendre.
Maintenant, comme l’a bien expliqué Nabli, la loi des finances complémentaires, actuellement en cours d’élaboration, permettra au gouvernement de définir, avant mars, ses besoins exacts et en discuter avec le FMI. L’échéance tombe à pic, la mission dépêchée de Washington pour la revue annuelle sera à Tunis en mars prochain ce qui facilitera les choses.
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