La Tunisie, "terre de mission" des prédicateurs salafistes ?
Bochra Bel Haj Hamida et un collectif d’avocats ont décidé de porter plainte contre le prédicateur égyptien, Wajdi Ghenim et les associations qui l’ont invité. Dans les clameurs soulevées par cette visite, on a eu tendance à oublier qu’elle n’est pas la première et certainement pas la dernière d’un prédicateur arabe dans notre pays devenu depuis quelques mois « une terre de mission ». Il est vrai que l’islam à la sauce salafiste est tout à fait étranger à nos mœurs.
Officiellement, le mouvement d’Ennahdha est étranger à ces visites et laisse même circuler des informations selon lesquelles, il y est hostile. Mais comment interpréter son silence face aux dérapages de ces prédicateurs et même la présence de certains de ses dirigeants et non des moindres à leurs réunions ? Le plus grave, c’est la réaction tardive des partis politiques et de la société civile face la multiplication de ses visites. Avant l’initiative citée plus haut, on a tout juste enregistré un communiqué d’Ettakatol qui frappe par son ton modéré et une réaction plus musclée de Néjib Chabbi. Par contre, pas une ligne, pas un mot du CPR, dont le fondateur et président provisoire de la république tout à ses préoccupations planétaires et régionales a préféré garder le silence. On notera cependant l’attitude courageuse du Mufti de la république de plus en plus en plus isolé et celle de Abdelfattah Mourou qui a trouvé les mots qu’il fallait pour dénoncer les idées rétrogrades de ces prédicateurs, se démarquant une fois de plus d’Ennahdha. Quant au ministre des affaires religieuses qui s’est, lui aussi, fendu d’une déclaration dans ce sens, il nous permettra de douter de sa sincérité. Qui a ouvert les mosquées à ces prédicateurs pour distiller leur fiel ?