Habib Khedhr: «Il est trop tôt pour rédiger l'Article Premier de la constitution»!
Si l’on s’en tient à l’accord conclu entre onze partis dont Ennahdha, il ne reste plus que huit mois à l’ANC pour achever la rédaction de la Constitution et, éventuellement, soumettre le projet à référendum. Or Habib Khedhr, rapporteur général de la Constitution vient de faire une déclaration surprenante sur Shems fm: «il est encore trop tôt pour entamer la rédaction de l'article premier la constitution». Pourquoi esquiver le débat, d'autant plus qu'il y a un consensus sur l'identité arabo-musulmane. Pourquoi ne pas priviligier l'article 10 qui d'après le projet attribué à Ennahdha prévoit que la Charia sera la source principale de la législation. Le président de l'Assemblée nous a donné un avant-goût du débat qui nous attend. A la question de savoir quelle serait sa réaction au cas où cet article était adopté, il a répondu : «Je présenterai ma démission». Si on a mis des semaines et des semaines pour rédiger les projets d’organisation provisoire des pouvoirs publics et du règlement intérieur, combien de temps mettra t-on pour rédiger la constitution à moins de jouer les prolongations, c'est à dire dépasser la durée initiale du mandat de l'ANC.
L'hypothèse n'est plus à écarter. La veille, Moncef Marzouki a déterré sa proposition concernant la tenue d’élections municipales au début de l’été qui viendraient inévitablement perturber la rédaction de la Constitution. Il se trouve que M. Marzouki a toujours été partisan d’un mandat de 3 ans «pour permettre au gouvernement de mener à bien les réformes que le pays attend » et s’est bien gardé de signer l’accord conclu par les onze partis.
En fait, cette proposition arrange bien les affaires d’Ennahdha qui aurait le temps d’ici là de renforcer son implantation dans le pays et surtout de redresser la situation économique et se prévaloir d’un bilan favorable devant les électeurs, d’autant plus que l’année 2012 sera, de l’avis des spécialistes, aussi mauvaise sinon pire que l’année précédente.
En vieux routier de la politique, M. Beji Caïd Essebsi a d'ailleurs subodoré le risque soulignant dans sa «déclaration à l’opinion publique», la nécessité de mentionner expressément la durée du mandat de l’ANC.