Des Banques Citoyennes : Le mécanisme de micro crédit peut créer 750 000 emplois en 3 ans
Le 14 janvier 2011, suite à plusieurs décennies de gouvernement autoritaire, la révolution populaire tunisienne a abouti à l’élection d'un Président et d'un gouvernement et d’une chambre constitutionnelle afin d'assurer la continuité de l'Etat. Il s'agissait non seulement de gérer les affaires courantes, de préserver la continuité des services publics et de préparer le pays à l'organisation d'élections démocratiques mais aussi de répondre à des demandes sans cesse croissantes d’emplois. Il est notoire que la nature autoritaire et répressive du régime antérieur n'avait pas permis le développement et la libéralisation de la micro finance en Tunisie. L' 'évolution réglementaire limitée intervenue en automne 2010, favorisant une extension de la libéralisation des taux d'intérêts, n'a pas eu le temps de révéler tout son impact avant la révolution de janvier 2011.
Conscient des enjeux que la micro finance représente, et tenant compte notamment des conclusions tirées de la conférence de haut niveau sur le sujet organisée en avril 2011 à Tunis, le Ministère des Finances s'est engagé dans une démarche volontariste pour le développement de ce secteur en Tunisie. Ainsi, il a mis en place d'un cadre légal et réglementaire.
Par le passé, le cadre législatif était bien défini mais. Reste la problématique de mise en œuvre avec des actions concrètes qui doivent dépasser de simple déclaration à un engagement et un suivi des différents actions.
C’est dans ce cadre et afin de développer la micro finance /micro crédit, que l’expérience des deux principaux intervenants à savoir BTS et Enda arabe a montré ses limites malgré leurs efforts respectifs pour le développement de micro crédits.
Quelles sont les clés de réussite de ce type de crédit ?
1 - La mobilisation des fonds
2 - Le dispositif de distribution de crédits qui se base essentiellement sur la proximité
3 - L’offre de produits
4 - L’accompagnement des bénéficiaires en réduisant le coût
5 - Le recouvrement des créances impayés et l’affiliation au système d’échanges de données (SED) avec la BCT.
Qu’en est-il de la mobilisation des fonds.
Le paysage du système financier s’est profondément transformé avec le développement de la bourse, les sociétés de leasing, les sociétés de factoring et la création des SICAR, SICAF, FCR etc.……
La reconversion des ex Banques de Développement en banque universelle a éradiqué la contribution de ces banques ayant une bonne expertise dans la création de nouveaux projets et la prise de participations dans des entreprises à côté des nouveaux promoteurs ne disposant pas assez de fonds propres. Ce problème reste toujours posé.
Par ailleurs la libéralisation des activités des banques notamment en matière d’emploi de leurs ressources s’est traduite par la suppression du ratio global de financement de développement (RGFD), ratio obligeant les banques à consacrer 18% de leur ressources aux crédits à moyen terme et aussi du ratio des activités prioritaires, ratio obligeant les banques à utiliser 10% de leurs ressources en crédit à l’exportation, à l’agriculture et à la PME.
Il n’est pas envisageable de revenir sur les cadres juridiques actuels mais d’imaginer une solution permettant de répondre dans un délai raisonnable à la problématique du chômage et ce par le développement de micro crédit/micro finance en impliquant les banques dans ce domaine de manière indirecte.
L’idée est d’instaurer un ratio global de financement de développement de micro crédit (RGFD-MC) obligeant les banques à alimenter un fonds dont les modalités de création et de gestion pourront être définis ultérieurement.
Ce ratio peut être calculé sur la base de 1% des dépôts à vue, d’épargne, des bons de caisses et autres produits financiers .A titre d’illustration, ci-après une simulation :
| Estimation | ||
Montant en KTND | 2012 | 2013 | 2014 |
Ressources Banques | 42 000 000 | 49 000 000 | 56 000 000 |
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Fonds (1%) | 420 000 | 490 000 | 560 000 |
Cumul | 420 000 | 910 000 | 1 470 000 |
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Montant moyen crédit | 2 | 2 | 2 |
Nbre de bénéficiaires | 210 000 | 245 000 | 280 000 |
Cumul | 210 000 | 455 000 | 735 000 |
En 3 ans, le nombre de bénéficiaires (donc emploi direct) serait de 735 000 personnes pour un montant moyen de 2000 dinars.
Ce chiffre peut paraître utopique mais il est réalisable sous réserve d’une volonté de la part des banques et des autorités mais aussi tenant compte d’un dispositif de distribution de crédit de manière transparente et pérenne. Nous y reviendrons.
Mohamed KAANICHE
Cadre de Banque