Opinions - 22.02.2012

SOS Lecture du Français, Ou l'urgence pour une méthode tunisienne d'apprentissage de la lecture en français

Il y a un problème grave sur lequel je voudrais attirer l’attention de tous : l’apprentissage de la lecture en français. Je précise que je suis française, mariée à un Tunisien, que je vis en Tunisie depuis trente ans, que nos trois enfants ont fait, comme on dit, de « bonnes études », et que je suis retraitée de l’enseignement. Il suffit que chacun de nous observe les enfants de son entourage qui fréquentent les 3ème, 4ème, 5ème et 6ème années de l’école primaire, ou qu’il interroge les instituteurs et les institutrices de sa connaissance, pour que le constat s’impose, inquiétant : une proportion notable d’élèves arrivent actuellement au seuil du collège sans être capables de lire correctement une seule phrase en français. Ils ont plus ou moins appris à parler et à réciter, à écrire et à copier, mais pas à lire...
   
Naturellement, il est toujours difficile d’apprendre à lire dans une langue que l’on pratique peu, et que l’on entend peu pratiquer autour de soi, c’est pourquoi les élèves issus de milieux populaires sont généralement handicapés dès le départ. Mais comment ignorer l’importance de la méthode d’apprentissage ? J’ose affirmer (car je crois que beaucoup de gens partagent mon opinion) que les méthodes en vigueur, dites « globales » ou « semi-globales », actuellement de plus en plus remises en question en France, me paraissent un défi au bon sens quand elles sont appliquées à des élèves dont le français n’est pas la langue maternelle. Les enfants tunisiens abordent le français après avoir appris à lire en arabe, et normalement ils savent déjà très bien ce que sont une lettre, un mot, une phrase, il est donc tout à fait inutile d’y revenir (pourquoi tous ces exercices de « découpage » avec des mots complètement illisibles pour un débutant ?). Il me paraît au contraire impératif de leur donner dès le début, une par une, les clés de la fabrication des mots en français, pour qu’ils puissent identifier les différences avec l’arabe.
   
La fameuse controverse entre les tenants de la « méthode globale » et ceux de la « méthode syllabique » semble avoir encore de beaux jours devant elle en France (signalons par exemple le livre de la psychologue L.Lurçat, au titre éloquent : « la destruction de l’enseignement élémentaire et ses penseurs »), tant elle est parasitée par des présupposés idéologiques chargés d’émotion. Laissons les experts se disputer entre eux, et occupons-nous de nos enfants. Tout le monde est d’accord qu’il faut parler aux gosses de ce qui est susceptible de les intéresser, et donc éviter le langage trop artificiel, les exercices abstraits, de certains vieux manuels. Mais le principe de base de tout apprentissage raisonnable n’est-il pas de commencer par ce qui est le plus simple, et d’aller progressivement vers ce qui est plus compliqué ? Il n’y a pas besoin d’avoir un doctorat pour comprendre cela. Tout lecteur francophone qui réfléchit un tant soit peu à la question ne conviendrait-il pas que l’apprentissage de la lecture passe, grosso modo, par les étapes suivantes ?
- identification et sonorisation des lettres, notamment des voyelles ;
- syllabes simples (b - a ba, m-i mi...) ;
- syllabes inversées (al, or...) et associations de consonnes (bl, cr...) ;
- diphtongues : ou, au, eau, eu, oi, on, an, in, un... ;
- sons particuliers : gn, ail, euil, ouil, oin, ien, tion... ;

Bien sûr, parallèlement à la technique de déchiffrage, il faut acquérir oralement du vocabulaire, sinon on ne comprendra pas ce qu’on déchiffre et on ne pourra pas accéder à la lecture proprement dite. Mais l’échec de beaucoup d’élèves, qui renoncent définitivement à apprendre à lire en français, me semble s’expliquer bien souvent par le simple fait qu’on a voulu aller trop vite, qu’on les a découragés avec des textes trop difficiles et trop longs, et qu’on n’a pas pris le temps de s’assurer qu’une étape était maîtrisée avant de passer à la suivante.
   
Je ne mets absolument pas en cause le dévouement des instituteurs, qui font ce qu’ils peuvent avec les outils dont ils disposent et les directives qu’on leur impose, et dont beaucoup souffrent certainement de constater le peu d’efficacité de leur enseignement sur un nombre croissant d’élèves. Le gâchis actuel me désole (il s’agit tout de même de l’avenir de dizaines de milliers d’enfants) parce que je suis tout à fait convaincue qu’il existe des quantités de personnes dans ce pays (et notamment parmi les retraités ayant une grande expérience pédagogique) qui ont toutes les compétences nécessaires pour mettre au point une méthode d’apprentissage de la lecture en français conforme à la logique la plus élémentaire, et adaptée aux élèves tunisiens d’aujourd’hui. Ne laissons personne penser à notre place...
   
Bien entendu, personne n’est obligé d’être d’accord avec cette vision des choses un peu « catastrophiste », et les responsables des programmes décideront ce qu’ils voudront. Les simples citoyens dans mon genre se contentent généralement de donner, au moment de l’apprentissage de la lecture, un petit « coup de main » discret à leurs enfants, neveux, nièces, ou voisins, sans jamais critiquer ce que fait la maîtresse, afin de préserver leur fragile optimisme. Si cependant je me suis décidée à écrire ces lignes, c’est que je pense qu’on devrait sensibiliser le public à ce problème lourd de conséquences, ce qui ferait certainement avancer la recherche des solutions. La fabrication et la diffusion de nouveaux outils pédagogiques dans ce domaine me paraissent être une priorité. Beaucoup de citoyens (en particulier ceux qui ont appris à lire en français avec les bonnes vieilles méthodes syllabiques) ont sûrement aussi leur opinion sur la question. Peut-être quelques uns d’entre eux seraient-ils en mesure de prendre des initiatives intéressantes (rédaction d’albums très faciles, conception de jeux éducatifs, de logiciels...), avant qu’il ne soit trop tard pour nos jeunes écoliers...

O.M.Tourki
Enseignante retraitée et administratrice Aiduca.

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26 Commentaires
Les Commentaires
ERRBAI - 22-02-2012 22:45

Il est déjà trop tard .... La Tunisie d’après BOURGUIBA a fabriqué une génération de tunisiens aussi mauvais en langue Française qu'en langue Arabe ... des "maîtrisards" qui ne savent pas écrire ni parler les 2 langues ... à l'image de certaines chaînes radio ! En Tunisie tout fout le camp !

Habib OFAKHRI - 22-02-2012 23:20

"La fabrication des mots ",… le morceau est lâché. Loin de l'architecture des syllabes , de la lecture et autres phonèmes, la langue française forme un corpus global. Cette fabrication est beaucoup plus complexe que vous semblez avancer. Elle relève simplement et fondamentalement de l'étymologie, c'est-à-dire des racines et de l'origine même des mots qui font la saveur du signifiant et du signifié .Or, La langue française, autant que tout autre véhicule de communication renvoie essentiellement à son propre registre gréco- latin complètement étranger à nos jeunes élèves et dont le secret n'est détenu que par des enseignants rompus à la linguistique et autre degré zéro de l'écriture conduisant à Barthes , Martinet et Chomsky , pour ne citer que les plus connus d'entre – eux . L'étude de la linguistique sémitique appartient , et pour longtemps encore à la sphère savante .Les oeuvres des Tunisiens M'sadi,Hamzaoui,Tarchouna ,Guermadi ...relèvent de l'ésotérisme pour les communs des mortels .On ne peut, dans le cas de figure demander au jeune écolier tunisien d'être linguiste d'abord et apprendre, à manier avec dextérité , ensuite une langue qui lui est étrangère, de part ses fondements constitutifs! Lire, écrire et apprécier établissent un rapport substantiel et organique avec la langue, peu importe laquelle . Les jeunes écoliers (Tunisiens ) tout comme les petits berrichons ,bretons ou martiniquais subissent ,malgré eux "l'impérialisme de la langue " de l'ile de France ( PARIS ) depuis Richelieu. L'apprentissage d'une langue (étrangère) devrait s'opérer par comparaison et après empirique et longue submersion dans la langue maternelle. Ce n'est que lorsque le système pédagogique aura élaboré cette échelle d'appréciation distanciée que l'élève pourrait se situer, en tant qu'individualité autonome, par/en rapport à sa langue maternelle et les autres langues. Sous prétexte d'ouverture, le système éducatif tunisien ne forme, en matière de langues que de parfaits guides touristiques ou des baragouineurs destinés à la sous traitance . Echappent, toutefois à ce piège tous ceux rompus à la chair vive de la "fabrication des mots ".Dans son histoire millénaire, le Tunisien n'était pas réticent à l'usage et à l'apprentissage des langues étrangères. Sauf que les méthodes pour y parvenir étaient plus adéquates.Tenez par exemple,dans ma ville natale, Tozeur, on pratiquait, selon les époques, outre le berbère, l'arabe, le grec, le latin, le turc et bien plus tard le français. Des lettrés ont produit des œuvres multidisciplinaires dans ces différents supports ,aussi longtemps que la finalité consistait à communiquer des idées et des sentiments.Sans complexe.

Docteur VARETTE Ivan - 22-02-2012 23:48

J'apprécie votre plaidoyer pour le Français que je considère être la seconde langue, presque maternelle des Tunisiens. Mais à quoi bon votre effort, Madame, n'a-t'on pas récemment vu un entretien Tuniso-Français, à un échelon élevé et non entre 'khaïmins" avec le truchement d'un interprète . Nouveau Gouvernement - nouvelles moeurs !

belfahem - 23-02-2012 08:30

Merci Mme O.M.TOURKI pour ce problème soulevé sur la lecture de la langue française en tunisie ,je suis retraité père de famille je vis avec mes frères et soeurs les points soulevés dans votre commentaire et nous parlons en famille en présence de nos enfants de la chose reste que le problème concerne le ministère de l'éducation nationale et ses experts qui par leurs directives ont-ils la volonté et sont-ils conscients de ce problème?!! la méthode dite globale n'a pas donné des résultats et vous voyez aujoud'hui les messages et les rédactions de nos jeunes écrites en arabe avec des caractères latins chose inadmissible autrefois ?! je soutiens fortement votre thèse de revenir aux cinq étapes que vous proposez pour l'apprentissage de français parceque cette méthode est la plus efficace et mon premier livre de lecture datant de 1954 fait preuve de cette méthodlogie positive et encouragente .merci beaucoup pour votre intérêt a ce sujet et j'éspère voir une amélioration et un soutien d'autres personnes .Mes respects. BELFAHEM Abdelhamid

BEN ARAB - 23-02-2012 09:00

Il y une règle d'or pour l'apprentissage d'une deuxième langue, celle de bien maîtriser d'abord sa langue maternelle, or en Tunisie, le niveau des élèves en langue arabe est très bas et c'est sûrement une des raisons pour laquelle nos bacheliers et étudiants sont incapables de rédiger correctement une page en langue française ou en langue arabe. C'est en relevant le niveau de la langue arabe et sa maîtrise que nos élèves pourront un jour maîtriser les langues étrangères.

Hamadi - 23-02-2012 10:12

Il a fallu une femme d´origine francaise pour defendre nos enfants dans le pays.Ou sont passes tous les parents tunisiens qui d´habitude protestent sur tout ce qui concerne leurs enfants. Je suis resident a l´etranger et je ne peux pas faire plus que reveiller ces parents qui sont souvent inquiets pour ses enfants? Merci

Robert Poisson - 23-02-2012 11:25

Chère collègue J'ai lu avec intérêt votre réflexion à propos de l'apprentissage de la lecture . Il me semble marqué au sceau du bon sens. Je ne pense pas qu'il y ait une "méthode tunisienne" pas plus qu'il y a une "méthode française". Parallèlement à l'apprentissage de la lecture en Arabe , il s'agit de maîtriser les lettres et les sons afin d'apprendre à composer syllabes et mots de l'autre langue . Pourquoi ne pas penser à une adaptation à l'environnement Tunisien de la fameuse "Méthode Boscher" ? Bien entendu , comme vous le faites judicieusement remarquer, l'acquisition du vocabulaire est une condition nécessaire à un apprentissage vivant . L'immersion des élèves dans des séquences , non "de" Français mais "en Français" , en est la clef. Comptines, chansons, autant de clefs . Mais aussi lexique élémentaire par le biais de scénarios simples se rapportant à la vie sociale . Et dans la foulée "petites leçons" bien adaptées à l'âge et au niveau des enfants . Monsieur Rachico, maître d'Arabe de l'école français de Mégrine Côteau dont j'étais le directeur entre 74 et 81 était un ami. Nous étions convenus d'encourager nos élèves en leur disant : "celui qui ne possède qu'une langue est comme un unijambiste ". L'humanisme dépasse les frontières. J'ai beaucoup appris de la Tunisie. Il me plaît de penser que les petits Tunisiens apprendront encore mieux s'ils savent bien lire en français. Bon courage, chère collègue. Avec mes respectueuses salutations. Robert Poisson.

al07 - 23-02-2012 11:48

Madame,vous prêchez dans le désert ! Après les déclarations des nos nouveaux "responsables", le Français n'est plus à l'ordre du jour,puisque selon "certains",il pollue le langage du Peuple..... Les "lumières" se sont éteintes en Tunisie et pour longtemps !

samia - 23-02-2012 14:21

Je ne suis pas enseignante, mais orthophoniste, et je constate de jour en jour les difficultés d'apprentissage de la lecture et de l'écriture Française chez nos enfants, et même chez nos étudiants... la méthode semi-globale est une calamité, mais elle n'est seule en cause, le rythme d'apprentissage du Français à nos élèves en oubliant que pour eux c'est une nouvelle langue totalement différente de leur langue maternelle de par son origine, son système phonétique, sa syntaxe... y est pour beaucoup...

sousou - 23-02-2012 21:42

Remarques bien pertinentes. Cela étant, on a remarqué la même chose en FRANCE ... mais pire , en terminale et dans l'Armée ! ---- 10% de français ne savent pas lire : EXTRAIT d'une analyse par le linguiste Alain Bentolila: - "11,6% des jeunes Français entre 17 et 25 ans comprennent difficilement un texte court, un mode d'emploi ou un document administratif et ne savent pas utiliser un plan ou un tableau. Ils sont d'autant plus exclus que l'illettrisme est considéré comme une maladie honteuse" -----

Mona - 23-02-2012 22:39

Chère Madame, puisque vous vivez en Tunisie depuis trente ans et que vous y aviez conduite votre mission, vous êtes a même de savoir que l'éducation en Tunisie a été toujours politisée et surtout entâchée par un complexe d'infériorité de ses premiers responsables. Messaadi, Charfi pour ne citer que ces Ministres de l'éducation ont toujours malmené la langue Arabe, et du coup l'élève tunisien ne maîtrise ni sa langue maternelle, encore moins une deuxième langue dans laquelle il ne se reconnaît pas dans son quotidien. Tout passe par un apprentissage de la langue maternelle, pour ensuite apprendre dans la quiétude d'autres langues étrangères! Vous êtes Française et vous savez très bien que les autorités françaises n'accepteront jamais que les élèves français apprennent par exemple l'Anglais, avant de maîtriser le Francais! La Tunisie continuera à prêcher dans le désert tant qu'on n'a pas réglé ce problème de la reconciliation avec sa langue d'identité et l'apprentissage de langues étrangères, telles l'Anglais, le Chinois, l'Espagnol ou le Francais viendra tout naturellement avec de bonnes méthodes d’apprentissage telle la vôtre pour le Français! Avec tous mes respects.

ABH - 24-02-2012 08:52

Je ne suis pas enseignant, mais je m'occupe de la petite enfance, mon épouse est enseignante à l'université, nous sommes souvent choqués par la niveau de rédaction sur les copies d'examen. Votre analyse est pertinente, mais il me semble que le problème est global et plus profond, je pense qu’il faut une réforme globale du système éducatif qui devrait commencer par une bonne formation des enseignants et une valorisation de leur métier. Malheureusement souvent les instituteurs apprennent leur métier sur le terrain car souvent ils sont recrutés parmi les étudiants qui ont raté leurs carrières initiales.

benkhalifa colette - 24-02-2012 08:58

vous faites une analyse juste et tout à fait logique de la nécessité de revoir les méthodes de lecture du français ,les enfants actuellement non seulement ne savent pas lire ,mais sont incapables de s'exprimer (essentiellement ceux qui appartiennent à des mileux modestes )posons nous la question : les générations qui ont suivi après l'indépendance parlaient et écrivaient un français très élaboré ,et pourtant peu sortaient de la bougeoisie et la pluspart avaient des connaissances en arabe identiques ,cela s'est complètement perdu (le constat de la non maitrise de la lecture est valable en France)En conclusion ilserait bonn qu'on vous écoutât ,mais l'époque est beaucoup plus préocupée à déterminer le sexe des anges nhélas ! une petite question :pourquoi même si vous avez changé de religion vous affichez vous avec ce vilain foulard ?est ce que ce n'est pas quelque part renier ce que vous êtes et mépriser l'éducation que vous ont donnée vos parents ,je respecte toutes les religions mais je ne peux pas comprendre cette négation de sa culture et de son éducation ,j'espère que vous n'y verrez aucune mauvaise intention

Nicolas - 24-02-2012 09:38

Je vous invite à vous rapprocher du SLECC et surtout à ne pas mettre la charrue de la lecture avant les boeufs de l'acquisition orale des sons et des structures. Bon courage ! http://www.slecc.fr/sources-slecc/documents/2009_descriptif_SLECC.pdf

Abdelouadoud (Abou-Hakim) El Omrani - 24-02-2012 11:04

Je suis de l'avis que nous gagnerions beaucoup, et praticulièrement les nouvelles générations, à déclasser le français comme deuxième langue en Tunisie et le remplacer par l'anglais. Le français ne peut plus défendre sa place comme deuxième langue en Tunisie, c'est absurde et celà se justifiait peut-être après l'indépendance. Aujourd'hui nos jeunes ont nettement plus besoin de l'anglais que du français... Sans chauvisinme et en toute objectivité

Elyes - 24-02-2012 15:51

Je profite de cette occasion, pour attirer l'attention de l'ambassade de France sur la qualité de l'enseignement de l'arabe dans ses établissements en Tunisie. En faite en tant que Tunisien, j'ai choisis de mettre mes enfants à la mission, car je trouve que l'enseignement en sa globalité est de loin meilleur que celui de nos écoles du ministère Tunisien, l'unique problème est celui de la langue arabe enseignée dans ces établissements, imaginez vous qu'un élève de la 6iemes qui correspond à la 1er année secondaire des lycées Tunisiens n'a même le niveau de la 3ième année de l'école primaire et c'est vraiment dommage, cette langue serait même une grande richesse pour les 100% francophone.

Samira - 25-02-2012 09:11

Merci pour cette analyse pertinente. Je suis enseignante de français à l'université; mes étudiants, dont une grande partie se retrouve prof au bout de la licence, ont encore ces difficultés que vous situez dans le primaire. En 2e année (voire en 3e), on continue à prononcer le "ent" d'un verbe conjugué avec la 3e personne du pluriel, pour ne citer que cet exemple! Je vous épargne les erreurs syntaxiques et autres. Malgré celà, je trouve qu'il n'est jamais trop tard pour bien faire et une réforme SERIEUSE de l'enseignement est indispensable,car la lecture n'est que la partie visible de l'iceberg!

annick FLANDROIS - 25-02-2012 09:54

J'apprécie votre cri du coeur, madame, et contrairement à "ERRBAI" je ne pense pas qu'il soit trop tard. Je ne suis pas une technicienne de la langue, simplement un chainon dans un contexte de soutien scolaire que j'exerce dans votre pays depuis plusieurs années. Constatant que les textes pour les enfants étaient ennuyeux et stériles, j'ai pris la plume pour tenter de les motiver. Je leur raconte des histoires qui les font réagir et tentent de créer un pont culturel entre le Maghreb et l'Europe. Pour les plus petits, ce sont des mots à retrouver dans des ballons et aussi des lectures, style "J'aime Lire" que je mime le mieux possible afin de voir danser l'intérêt dans leurs yeux en leur montrant qu'on peut aussi s'amuser en apprenant. J'aimerais vous soumettre des contes pour connaitre votre opinion. Quoiqu'il en soit, il ne faut pas lacher prise. Quelle richesse a le peuple tunisien (il ne faut pas encore dire "a eu") dans la possession de deux langues ! Bon courage et bonne suite à votre combat.

Chedia MHIRSI - 25-02-2012 11:49

L'apprentissage de la lecture en français et en arabe aussi, est une question urgente sur laquelle il faudra que les décideurs interviennent.De nombreuses personnes (dont je suis)ont tiré la sonnette d'alarme, en vain jusqu'ici. D'ailleurs, pour appuyer ce qui a été écrit dans cet article à propos de la méthode globale, il y a lieu de souligner qu'en France,le Ministère de l'éducation a institué la lecture syllabique depuis 2003, après qu'une étude meneé en collaboration avec l'Observatoire de La lecture a démontré scientifiquement la supériorité de la méthode syllabique en termes d'efficacité. Il ne faudrait pas attendre la mise en place d'une nouvelle réforme pour changer les choses, on pourrait commencer par réhabiliter dans un premier temps une pratique qui est rejetée par une grande partie de nos pédagogues, la lecture à haute voix, celle du maître et celle de l'élève. La lecture silencieuse, synonyme d'autonomie, constitue l'aboutissement de l'apprentissage. Sous nos cieux, elle est considérée comme un moyen d'acquisition des compétences de lecture. Il en résulte que le déchiffrage, sans la médiation de l'enseignant, ne fait pas sens aux yeux des élèves qui ne bénéficient pas d'une assistance familiale en la matière et qui restent pratiquement analphabètes.

Abid Fathi - 25-02-2012 14:06

Je partage madame votre inquiétude sur l'apprentissage du français pour les écoliers tunisiens.Enseignant retraité comme vous,ayant éduqué le français pendant deux décennies dans des écoles primaires tunisiennes,je peux confirmer votre constatation.J'ai enseigné la langue de Voltaire par plusieurs méthodes:la méthode mixte;la technique de conte;la méthode orale;la méthode globale...Chaque méthode a des avantages et des inconvénients.Il y a celle qui favorise l'oral au détriment de l'écrit et vice versa. Mais celle qui convient le mieux pour l'enfant tunisien d'après ma modeste expérience est la méthode mixte qui commence par le plus simple au plus compliqué,c'est à dire de la lettre puis la syllabe ensuite le mot et enfin la phrase,le paragraphe et le texte.Ce qui représente l'ordre logique des choses.Puisque on vient au monde petit et on pousse petit à petit.A-t-on vu naître un vieillard qui deviendra enfant?

RUFF - 25-02-2012 16:22

Tout à fait d'accord sur cette stigmatisation de la méthode globale, inventée par des individus soucieux seulement de se singulariser, au détriment de nos enfants ! En France, les dégâts sont considérables et la phonétique utilisée conduit à des non-sens fréquents même chez des supposés "Bac + 5". J'ai peiné pour apprendre le français correctement en étant "petit" mais même avec de la sueur et des larmes", cela en valait la peine. La bonne connaissance d'une langue n'a pas de couleur politique ; en revanche le maintien du peuple dans l'ignorance permet de mieux l'asservir! Serait-ce l but recherché ?

MSATRIYA - 27-02-2012 11:51

Un de vos commentateurs proposait d'adapter la "Méthode Bosscher" pour les enfants tunisiens afin de leur apprendre à lire de façon aisée et surtout orthodoxe. Ce serait la manière la plus facile et la plus ludique que de faire cet effort d'adaptation, car elle utilise la méthode syllabique plus accessible que l'indigeste méthode globale ou semi-globale (bonnet blanc et blanc bonnet). Quand on voit l'illettrisme galopant en France, à la lecture des commentaires de certains internautes, c'est affligeant ! Que les Tunisiens relèvent le gant ! Nous sommes parfaitement bilingues et devons le rester.

sami el ghoul - 27-02-2012 20:26

la langue française est en perdition!ce constat amer est l'accumulation de plusieurs erreurs et autres expériences désastreuses.Dans l'état actuel des choses,la France doit prendre le taureau par les cornes et et amorcer des actions courageuses et encourageantes pour la réhabilitation de sa langue .Et ce sont pas les élucubrations de Sarkosy et son sbire Gueant ni les attaques de M Le Pen qui vont faire aimer cette belle aux tunisiens.comment un instituteur ou un professeur qui se voit refuser l'obtention d'un visa d'entrée pourrait-il trouver la motivation pour inculquer à ses élèves l'amour de la langue de Molière?

Jadmour - 29-02-2012 09:16

Cela revient à la médiocrité de niveau intellectuel et pédagogique des instituteurs de nos jours, qui laisse à désirer. Donc tout est à revoir sinon la caravane passe et les chiens aboient ! les autres pays avancent et la Tunisie récule,et les soucieux se lamentent et les hauts responsables leur font la sourde oreille. C'est triste de constater que même des universitaires de chez - nous, sont incapables de rédiger correctement un rapport et dans quelques sociétés qui collaborent avec l'étranger, se retrouvent parfois contraintes d'engager des algériens ou autres qui maitrisent mieux le Français écrit,et pour les autres langues, j'en passe ...

??? - 01-03-2012 16:43

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MOUNA - 02-03-2012 11:43

je veux s'avoir votre avis pour les cours de soir au centre culturel français pour les enfants de 6 ans.

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