Les anciens de l'UGET : sans exclusive
Slimane Douggui, neurologue, 75 ans, est rentré spécialement de Paris, retrouver ses camarades dont il n’avait pas revu quelques uns depuis plus de trente ans et même plus. Les retrouvailles mardi soir entre d’anciens dirigeants de l’UGET ont été fort émouvantes. Les pères fondateurs (1952 -1953) et différentes générations étaient là : Ammar Mahjoubi, Mansour Moalla, Foued Mebazaa, Hamed Zeghal, Abdelhamid et Hamed Ammar, Mohamed Sayah, Amor Belkhiria, Mahjoub Guerfali, Slim Aloulou, Mohamed Ben Ahmed, Abdelhay Chouikha, et bien d’autres. Près de deux cents ont répondu à l’appel de Mokhtar Zannad et Aissa Baccouche pour rallumer la flamme de l’Association des anciens de l’UGET, restée en hibernation. Rejoints dans cet élan par des jeunes qui avaient pris le relais après le fameux congrès de Korba (1972) et surtout, dans les années 80 et 90.
Que sont-ils devenus depuis leurs années UGET ? Professeurs, PDG, gouverneurs, ambassadeurs, ministres et même Président de la République. L’Union a été un grand moule des futurs cadres de la Nation. D’ailleurs cela se vérifie encore aujourd’hui. Le président de la Constituante, Mustapha Ben Jaafar était l’un des dirigeants de l’UGET à Paris. Aussi, nombre de membres du gouvernement Jebali avaient fait leurs premières armes en politique au sein du mouvement estudiantin, dans les rangs de l’UGTE créée par Ennahda : Behiri, Dilou, Mekki, Harouni, et autres.
Revenant sur les origines du mouvement estudiantin, nombre d’orateurs avaient souligné que l’organisation tirait sa richesse de son pluralisme, accueillant en son sein des adhérents de toutes les obédiences politiques et abritant des débats libres de grande qualité. Cette diversité qui avait fait sa force a été mise à rude épreuve, à partir de la fin des années soixante, avec les tendances hégémoniques du parti unique, le PSD qui voulait s’en emparer. Aujourd’hui, la révolution ouvre à l’UGET de nouvelles perspectives et ses anciens dirigeants peuvent contribuer utilement au soutien du syndicat étudiant, venir en aide aux jeunes et leur permettre de réaliser leurs ambitions.
Le principe de base qui a recueilli l’unanimité des présents, est de rendre à l’association, sa grande diversité et son pluralisme, en l’ouvrant aux jeunes générations qui ont résisté à la dictature et en ont payé, tout au long de ces dernières années le prix fort. Ni un club de nostalgiques, ni un clan partisan, mais, une œuvre utile, transmettant des valeurs qui se perdent comme le patriotisme et cultivant le sens de servir. Comment s’ouvrir à tous et être utile ? La mission est toute tracée. Un comité provisoire a été constitué pour relancer l’association et préparer une assemblée générale élective.
En lisant aux présents les messages de soutien adressés par Albert Camus, Pierre Mendès-France et bien d’autres grands noms au premier congrès de l’UGET, tenu à Tunis en juillet 1953, Mansour Moalla ne pouvait que souligner la noblesse de la mission incarnée depuis la fondation et demeurée sans cesse d’actualité : œuvrer à l’avant-garde des forces vives de la nation, pour le progrès et la modernité d’une Tunisie nouvelle.