Agressions contre les journalistes : le SNJT hausse le ton
Il fallait s’y attendre après les dernières déclarations du ministre de l’intérieur à l’Assemblée Constituante, annonçant l’ouverture d’une enquête à propos des agressions contre les journalistes « pour vérifier s’ils sont avérés ». Le Syndicat National des Journalistes Tunisiens réuni vendredi en assemblée générale extraordinaire a haussé le ton, en agitant la menace d’une grève générale du secteur. En attendant, il a décidé notamment d'une grève d'une ou deux heures dont la date sera fixée ultérieurement avec port du brassard rouge.
Les journalistes ont vu dans les propos du ministre, mettant en doute la matérialité des faits, une nouvelle provocation d’autant plus que ces agressions se poursuivent alors que leurs auteurs n’ont jamais été arrêtés. La dernière en date s’est même produite vendredi dans les couloirs de l’Assemblée constituante.Les journalistes y voient une volonté délibérée de museler la presse, d'autant plus que la presse a eu bon dos vendredi à l'Assemblée lors des débats avec le gouvernement.
En effet, les élus n'y sont pas allés de main morte pour critiquer les journalistes accusés de tous les maux : «campagne de démoralisation de la population», «critiques injustifiées du gouvernement», «sabotage» et on oublie sûrement et des meilleures. Malheureusement, en l'absence de l'opposition, il ne s'est trouvé personne pour les défendre. Et comme si cela n'était pas suffisant pour mettre la pression sur les journalistes, une centaine de personnes appartenant à la mouvance salafiste ont observé vendredi leur énième sit-in devant le siège de la télévision pour protester contre «l'attitude tendancieuse des journalistes». Il y ont même planté une tente, manifestant leur intention de «rester le temps qu'il faudra» pour amener les journalistes à résipiscence.