News - 09.03.2012

Le déclassement des hôtels est-il à l'ordre du jour ?

Le secteur touristique se trouve dans une situation fort difficile. Au lieu de tenter de l’en sortir avec les moindres frais, certains employés « zélés » n’ont pas trouvé mieux que de procéder à des inspections pour voir si les hôtels méritent bien leurs étoiles. Le moment est-il réellement bien choisi ?

Le secteur touristique, l’une des composantes essentielles de l’économie tunisienne piétine et trébuche au risque de le voir un jour à genoux. Certains affirment qu’il l’est déjà depuis, non pas la révolution, mais depuis ces grèves sauvages à répétition et ses sit-in qui, la plupart du temps n’ont aucune justification.

Bref, la situation est grave...très grave à en juger par les réservations pour la prochaine saison touristique. On n'en dira pas plus parce que notre propos porte sur un autre sujet en relation directe avec la conjoncture fort difficile que vit le secteur touristique.  Il s’agit en fait du classement des établissements hôteliers qui obéit aux normes établies en 2005.

Confortablement installés dans leurs étoiles, les hôtels, crise oblige, essaient tant bien que mal de garder le cap. Nombre d’hôteliers ont baissé les bras en décidant de fermer purement et simplement leurs établissements, en attendant des jours meilleurs. D’autres, ayant les reins plus solides, tiennent bon malgré la lourdeur des charges fixes et la rareté des clients.

Au vu de cette situation, est-il opportun d’opérer des contrôles draconiens pour savoir si l’hôtel mérite bien les étoiles qu’il porte ? En temps normal, cette question aurait certainement été de trop. Quoi de plus normal de voir les responsables de l’ONTT inspecter inopinément les hôtels, dresser leur rapport et décider des mesures à prendre pour « sauver » les étoiles de nos unités et partant sauver leur qualité.

Aujourd’hui, il est important de veiller au grain. Mais il est beaucoup plus important d’avoir une autre attitude que celle de regarder d’en haut des gens qui ne demandent pas plus que de redémarrer leurs hôtels. Des hôtels qui, du reste, sont constamment sous l’œil du Tour Opérateur. En parfait connaisseur, ce dernier, suit à la loupe ses clients qui peuvent à tout moment faire les fameuses « réclamations » dont l’hôtelier tremble. Et pour cause : Une réclamation signifie le remboursement intégral des frais du séjour. Les hôteliers ne le savent que trop.
Ce qui les dérange le plus, ce ne sont pas ces visites inopinées des cadres de l’ONTT,  mais l’allure inquisitoire de ces mêmes visites de contrôle et les menaces qu’elles laissent peser sur les étoiles chèrement acquises. Imaginons que ces missions de contrôle décident de déclasser un hôtel en le faisant passer de 5 à 4 étoiles ou encore de 4 à 3 étoiles ? La première action qui ne se fera pas attendre est celle du Tour Opérateur qui viendra réclamer son dû dénonçant par là le contrat qui le lie à l’hôtel sans compter le remboursement de je ne sais combien de groupes de touristes soi-disant induits en erreur par les étoiles que l’hôtel ne méritait pas de porter.
Bref, tout un processus que la Tunisie touristique n’est pas outillé pour y faire face. Au risque de se répéter, en temps normal, cela aurait été d’un grand apport pour le secteur. Mais en temps de crise, il fallait se serrer les coudes. Administration et professionnels se doivent de travailler en concert et ne plus se regarder en chiens de faïence. A tout problème, il y a une solution qui réside dans la concertation, le rapprochement des points de vue et de parvenir à un accord qui satisferait les deux parties. A moins que, peu convaincus de l’utilité du secteur touristique, ceux qui sont aujourd’hui au pouvoir lui demanderaient l’impossible et trouveraient dans ces contrôles une occasion pour ajouter une autre difficulté à celles déjà existantes ? La question demeure posée !!!

Mohamed BERGAOUI