Ettajdid en congrès, pour se préparer au grand parti démocratique
«Bientôt nous constituerons avec d’autres forces démocratiques progressistes, un grand parti démocratique, populaire, très large, en ultime étape de fonder un courant politique capable de présenter une alternative convaincante, d’attirer le peuple et de renverser l’équilibre des forces pour parer à tout retournement contre les objectifs de la révolution ». De sa voix roque, le premier secrétaire national du mouvement Ettajdid, Ahmed Brahim, ne pouvait mieux cadrer d’emblée l’objectif du 3ème congrès de son parti, ouvert vendredi après-midi à Ezzahra.
Devant une salle archicomble réunissant outre les 320 congressistes, des figures historiques de l’ancien parti communiste tunisien (Abdelhamid Ben Mustapha, Habib Attia, etc.) et un grand nombre d’invités, il a expliqué qu’Ettajdid « met sa longue histoire militante, son patrimoine de lutte, ses programmes et ses militants et cadres au service des forces démocratiques, pour servir une cause commune et réaliser l’alternance démocratique au pouvoir ». Dans cette démarche unificatrice qui s’amorce, « le congrès, a souligné Brahim, doit définir les modalités conceptuelles et pratiques à même de constituer un point de ralliement avec les autres partenaires, en vue d’une édification commune, loin de toute absorption, et en rupture avec les anciennes pratiques désuètes ».
Dressant l’état des lieux dans le pays, le premier secrétaire a établi un bilan sévère de l’action du Troïka qui dit-il, « après avoir laissé entendre accorder la priorité à la concordance avec les autres forces politiques et dépasser la légitimité des urnes, n’affiche aucune volonté de dialogue sérieux et constructif et fait montre d’une méconnaissance flagrante de la conduite des affaires de l’Etat.» Exigeant l’instauration d’un climat général de respect à commencer par la considération due au statut de l’Assemblée nationale constituante, il a déploré que de grandes décisions soit prises sans solliciter en référer aux élus de la Nations, citant, à titre d’exemple, la position sur la crise syrienne et plus particulièrement la participation de la Tunisie à une force arabe de maintien de l’ordre et de la sécurité. Très sévère à l’égard du gouvernement, Ahmed Brahim a estimé que « l’improvisation et le manque de visibilité caractérisent son action, en plus de son hostilité aux partis et l’opposition et les pressions qu’il exerce sur les médias, l’UGTT et les libertés en général.»
« Ce qui s’est passé à la faculté des lettres de la Manouba et l’impunité dont continuent à jouir les auteurs des incidents survenus donne à penser à une connivence aux graves conséquences. Nous appelons le gouvernement et Ennhada à agir au plus vite pour défendre l’espace universitaire, préserver le tissu national et faire prévaloir la primauté de la loi ». Ahmed Brahim a réitéré qu’Ettajdid « ne parie pas sur l’échec du gouvernement et appelle au dialogue et à la concertation, dans l’intérêt général du pays en cette période très critique».
A l’issue de la séance inaugurale, les congressistes plancheront en commissions dès samedi sur les projets de trois résolutions politique, économique et sociale et organisationnelle, parallèlement à un débat général en plénière, avant de procéder, dimanche après midi à l’élection de la nouvelle direction. Si la liste des candidats n’est pas encore officiellement révélée, le scrutin mettra en compétition, selon des sources informées, trois dirigeants de premier plan à savoir Ahmed Brahim, Samir Taieb et Boujemaa Remili.