Success Story - 16.03.2012

Amel Karboul Manager dans le chaos

S’ils l’avaient connue, des gouverneurs, des chefs d’entreprise et des patrons de banques n’auraient pas quitté leurs postes, tellement harassés par les pressions de toutes parts ! Amel Karboul, qui dirige à partir de Cologne, en Allemagne, l’un des plus grands cabinets internationaux spécialisés en changement et leadership, leur aurait apporté tout le coaching nécessaire pour gérer ces délicates périodes de transition. Elle y réussit depuis des années de par le monde, pour les patrons des plus grandes compagnies internationales, selon une approche innovante qui distingue nettement son cabinet.

Dans ces phases de profondes mutations, de doutes et de remises en question, les incertitudes se multiplient, les confusions s’installent et les incompréhensions s’amplifient. Les managers qui avaient été formés uniquement pour gagner de l’argent et accroître les bénéfices se trouvent totalement désarmés, une fois confrontés à ces nouvelles situations. Qu’il s’agisse de fusion-acquisition, de changement de top management ou de restructuration ou encore, comme ce qui se passe depuis la révolution en Tunisie, d’un contexte radicalement et totalement nouveau et exceptionnel, où le décisionnaire peut puiser dans son inspiration pour prendre la bonne décision et se comporter de la manière la plus appropriée? Plus qu’un simple coaching personnel qui commence à s’imposer, Amel Karboul apporte, grâce à son long parcours et à sa riche expérience, une approche globale qui s’étend au manager lui-même, à son équipe et à l’organisation du travail au sein de l’entreprise.

Blinder…

Pourquoi y excelle-t-elle particulièrement? D’abord, parce qu’elle a fait des études très solides d’ingéniorat en Allemagne, poursuivies aux Etats-Unis (Boston) et en Angleterre (Oxford). Mais aussi et surtout, parce qu’elle vient du monde de l’entreprise, ayant exercé en recherche &développement chez Daimler –Benz, avant de se lancer dans le conseil chez Boston Consulting Group et cinq ans d’implication au sein du Consulting Group Neuwaldegg, à Vienne, l’un des plus grands think-tank, qui inspire les grands penseurs américains du management. Le tout, ponctué de longs séjours en Afrique du Sud, en Inde, au Brésil, en Suède et autres contrées de la planète. Il faut dire que sa parfaite maîtrise de quatre langues, l’allemand et l’anglais, en plus de l’arabe et du français (outre sa bonne connaissance du grec et de l’espagnol), la fait vivre naturellement en totale fusion dans plusieurs univers.

La liste de ses « clients » est impressionnante. Amel a été sollicitée par des firmes aussi prestigieuses que Bosch, Deutsch Telekom, Lufthansa, Microsoft, Dupont, SAP, Villeroy & Boch, mais aussi par le système des Nations Unies (PAM, UNHCR…) et des ONG (Médecins Sans Frontières…).
« Quand j’arrive dans une entreprise, dit- elle, je sens immédiatement l’ambiance, détecte les tensions et comprend le business. Je commence alors mes interviews, essaye de sonder les tréfonds et analyser les enjeux. Commence alors le vrai processus de blindage. »

Amel est habituée à entendre un chef d’entreprise lui dire : « Mon équipe ne me suit pas. Je ne me sens pas en phase avec mes collaborateurs. Je me pose tellement de questions que je me demande si je suis capable de réussir. Je me remets en question et je doute de mes compétences, de moi-même…».
Cela ne la surprend pas parce qu’elle sait parfaitement que ce grand manager, bardé de diplômes obtenus dans les plus grandes universités et ayant bénéficié de formations très pointues dans les institutions les plus prestigieuses, n’a jamais été suffisamment bien préparé à gérer en temps d’incertitudes.

Dans les moments de rupture, il faut des hommes et des femmes d’exception

«Le monde est aujourd’hui devenu, souligne-t-elle, tellement complexe et compliqué, stratifié et sophistiqué, accéléré et périlleux que les ressorts de réflexion et d’action reposent désormais sur d’autres réflexes à acquérir et à cultiver. Le changement n’est plus par les concepts et les idées, mais par le coeur, les valeurs et le comportement. Avant, il suffisait de s’ingénier à trouver de bonnes idées, peaufiner les concepts, établir des business plans, les mettre en oeuvre et cueillir les dividendes. En gros, il fallait, jadis, avoir un bon produit, une bonne marque et un bon bilan. Cela ne suffit plus ! La véritable valeur de l’entreprise réside à présent dans l’attitude des managers et la conduite qu’ils tiennent face à l’imprévu et dans les contextes qu’on n’imaginait jamais».

Pour former les futurs leaders d’entreprises et les préparer à accéder aux plus hautes fonctions, c’est-à-dire apprendre à gérer le chaos, des programmes spécifiques sont conçus par Amel Karboul et son équipe.

«Il s’agit surtout de les mettre dans des situations exceptionnelles, vivre dans des univers jamais fréquentés auparavant, côtoyer des personnes avec qui ils n’ont pas l’habitude de partager leurs jours… Imaginez que nous mettions ces futurs leaders pendant une semaine avec des SDF, des drogués, des délinquants et même à les placer en prison avec les équipes chargées du nettoyage. Nous alternons aussi avec des retraites spirituelles dans des lieux de culte, des temples et autres. Tout cela favorise le retour sur soi, l’immersion dans les racines profondes, l’ancrage dans les vraies valeurs. Et, c’est le plus important. »

Si dans les moments de rupture, il faut des hommes et des femmes d’exception, la texture de blindage ne se renforce que par le travail et le développement des capacités personnelles. « Il s’agit de ramener tout un chacun à sa véritable dimension humaine, à sa propre réalité, à ses préoccupations personnelles les plus intimes. J’ai souvent tendance à demander à mes clients de me parler de leurs peurs, de leurs angoisses et de ce qui peut constituer pour eux une véritable menace. En les analysant avec eux, en essayant de les replacer dans leur contexte et à leur réelle importance, nous parvenons ensemble à s’en prémunir et les vaincre. Les réponses seront trouvées dans leurs croyances, leurs valeurs, leur vécu et leurs ambitions. Du coup, mon interlocuteur redevient lui-même, reprend confiance en lui-même et réveille en lui les ressorts de son redéploiement. »

Un luxe ? Non ! Un investissement à retour élevé

Est-ce un luxe qu’on ne peut pas se permettre en Tunisie ? « Nullement, réfute-t-elle. Ce n’est pas une dépense, c’est un investissement. Le meilleur sans doute. Investir dans l’humain, c’est investir dans les compétences managériales et garantir la pérennité de l’entreprise. Aujourd’hui, on consent de fortes rémunérations, on offre voitures de luxe, cartes de crédit illimité pour les voyages et réceptions et on décore à merveille les bureaux. Est-ce suffisant pour soutenir les managers dans leurs prises de décisions et bien les armer à faire face aux changements dans ce monde d’incertitudes? Confronté à l’imprévisible, désarmé, désemparé, doutant de lui-même, ne sachant pas quoi faire, vers qui peut se retourner un PDG ? Sur le conseil de qui peut-il compter ? A qui peut-il faire confiance? Imaginez alors son désarroi. Pensez un peu au désastre qu’il peut provoquer pour son entreprise et pour lui-même ou, à l’inverse, comment il peut convertir le risque en opportunité, la menace en réussite. Vous auriez alors compris la valeur du retour sur l’investissement ».

A-t-on alors la chance de voir ce genre d’approche s’implanter en Tunisie et bénéficier à nos décideurs ? « Pourquoi pas, dit-elle. Il suffit d’y croire et de commencer, même à petite échelle et de manière progressive. Si ça réussit pleinement ailleurs, ça ne peut qu’être profitable ici».

Aux confluences de la psychanalyse, du coaching et de la restructuration de l’organisation du travail, la plus-value de la méthode Karboul est précisément dans cette synthèse entre différentes sciences de plus en plus avancées, nourrie par une longue expérience, à haut niveau, dans diverses cultures sociétales et d’entreprises. Evidemment, la personnalité d’Amel compte beaucoup. Son charisme, mais aussi son métissage culturel qui réunit en elle, dans une parfaite symbiose, la rigueur de la pensée allemande, l’âme aventurière et intelligente des Djerbiens, la finesse francophone et l’ouverture d’esprit américaine, la dotent d’un atout majeur. Mélange de sciences et de charme, capacité d’écoute, d’analyse et de persuasion, et grand optimisme irradiant, elle est rapidement devenue l’une des icônes les plus sollicitées.