Après l'outrage qu'on lui a fait : Le drapeau sur toutes les hauteurs, dans tous les bureaux
Merci Google pour le cadeau que tu nous as fait, ce jour du 20 mars, en insérant notre drapeau national dans ton nom et n’eut-été une quelconque pudeur, j’aurais écrit dans ton cœur.
C’est clair que tu tenais à nous saluer tous, à célébrer avec nous notre fête de l’indépendance. Contrairement à d’autres qui se seraient contentés d'une carte de vœux, un coup de fil, un salut de la main ou même d'une pensée, tu as choisi de le faire en hissant notre drapeau national dans le meilleur emplacement qui tu peux offrir à quelqu’un qui tu aimes, que tu respectes. Tu nous le rappelles, merci, car nombreux sont vos visiteurs qui ont tendance à l’oublier, il leur faut toujours un gong assourdissant pour se réveiller. Tu l’as fait, et de la meilleure façon possible, merci encore une fois.
C’est vrai que quelqu’un d’autre nous avait, lui aussi, réveillés deux semaines plutôt, en faisant tout à fait le contraire. Il avait retiré le drapeau national du mât de l’entrée de la Faculté des Lettres de la Manouba, pour hisser à sa place, un autre drapeau. Quel outrage, quelle douleur,et que de sacrifices sacrifiés !
Mais au fait, comment en est-on arrivé-là ?
Loin de moi l’idée d’en énumérer les causes, tellement elles sont nombreuses, contradictoires et sujettes à polémique. Mais, je retiendrai quand même une. Savez-vous, messieurs-dames, que le drapeau tunisien est très mal en place, très peu exposé, beaucoup moins visible que les antennes paraboliques.
En faisant les incontournables 100 mètres de balade à l’Avenue Habib Bourguiba l’autre jour, j’ai remarqué, en me livrant à un petit jeu, l’absence quasi-totale du drapeau national sur les immeubles de cette prestigieuse avenue. Hormis le Ministère de l’Intérieur, le théâtre municipal et deux ou trois autres bâtiments, le drapeau national n’a point droit de cité. Faites l’expérience : arrêtez-vous au milieu de l’esplanade, en face du café de Paris, faites un « travelling » de 360 degrés et comptez le nombre de drapeaux que vous aurez vus. Et dites-vous bien qu’il s’agit d’un lieu dit de souveraineté politique et populaire. Ne disait-on pas, « chari a echaab » au cours des années soixante dix. Que dire alors des autres avenues et rues, des cités et quartiers aussi bien chics que populaires.
Que faire donc ?
J’y vais tout droit. D’abord hisser le drapeau national sur tous les immeubles sans distinction aucune, qu’ils soient privés ou publics. Je ne vois pas pourquoi, il n’y a pas de drapeaux tout à fait en haut de l’International Hôtel, de l’Immeuble des 2 avenues (là où il y a la BH au rdc), du Carlton Hôtel, de l’Excel Hôtel et du Claridge, pourquoi, il n’en y a pas, non plus, sur le Parnasse, sur l’Uib et sur le Ministère de la femme et de la famille, ni même sur la Banque de Tunisie. De l’autre côté, il est impératif de hisser un drapeau sur l’immeuble de la Nationale faisant l’angle de l’avenue de France et de la rue Jamal Abdennasser , de la Biat (bien qu’en léger retrait ) sur l’immeuble du café de Paris, sur le capitole, le studio 38, le Palace, l’immeuble de la STB, de l’Africa et le reste des immeubles de l’Avenue. J’en dirai autant pour toutes les hauteurs, là où elles se trouvent.
Deux : mettre le drapeau dans tous les bureaux, les locaux, les salles de classe, de tp et d’amphi de tous les établissements primaires, secondaires et supérieurs, de toutes les administrations, de toutes les entreprises publiques ou privées. Qu’avez-vous fait des millions de cadres en bois et verre qui abritaient les photos officielles de l’ex-président Ben Ali ? J’espère qu’ils sont encore là. Comme rien se perd, reprenez-les, ou au moins ce qu’il en reste, et mettez le drapeau dedans.
Trois : changer le mot Tunisie en arabe figurant sur les plaques minéralogique des voitures par le drapeau national. Comme ça, les plaques contiendront désormais le drapeau national de Tunisie et de part et d’autre les chiffres usuels. L’opération peut commencer par les voitures nouvellement acquises ou celles qui changeront de propriétaires et de cette façon, au bout de 10 à 15 ans, tout le parc auto sera porteur du drapeau national.
Quatre : il est précisé que c’est l’affaire de tous les citoyens bien avant les politiques et les responsables. Faisons comme les citoyens américains lesquels, là où ils vont, là où ils s’installent, ont leur drapeau avec eux et font vite de le hisser. Ou comme les turcs qui ne manquent pas une occasion pour montrer leur drapeau.
Je n’oublierai pas de sitôt mon passage, lors d’un court séjour à Istanbul, dans le fameux « BAZAR » qui est un gigantesque complexe commercial où la chose la plus frappante d’entre toutes a été pour moi de voir le drapeau turc hissé, dressé, suspendu, accroché, monté partout dans les ruelles du « bazar », sur les frontons de chaque magasin, à l’intérieur de chaque boutique, de tous les cotés, dans les gadgets, les supports publicitaires, sur les caisses, en cordons, en haut, en bas, à gauche comme à droite, dans toutes les directions, les coins et les recoins possibles, de telle manière qu’il est difficile de voir comme il se doit les marchandises exposées et que de quel côté vous regardez, vous avez du drapeau pleins les yeux.
Faut-il avoir la tête de turc pour faire autant en Tunisie ?
Mohamed Laroussi Ben Salah,
journaliste.