Le documentaire du 20 mars sur El Watanya : un effort d'objectivité...et quelques lacunes
La diffusion, lundi soir, par la chaîne El Watanya, à l’occasion de la commémoration du 20 mars 1956, d’un documentaire sur les évènements qui ont marqué les premières années de l’indépendance, a permis de lever le voile sur certaines péripéties qui ont été longtemps occultées, comme l’affaire de Sabbat Edhlam, l’un des épisodes les plus dramatiques de la lutte implacable à laquelle se sont livrés Habib Bourguiba et Salah Ben Youssef, dans les années 1955-58 du siècle dernier, ou celle des écoutes téléphoniques mises en place par le directeur général de la sureté nationale dans les années 67-68 pour espionner Bourguiba et ses ministres. Les interviews des principaux acteurs de ces affaires et notamment du colonel Salem Sabbagh étaient particulièrement éclairantes, Bien qu’on aurait voulu connaître, aussi, le point de vue de Tahar Belkhodja, l’initiateur de ces écoutes.
Le documentaire revient aussi sur les autres évènements qui ont marqué cette période comme l’affaire de Bizerte ou l’échec de l’expérience des coopératives, qui sont les deux échecs majeurs de Bourguiba. Une évocation où chacun des protagonistes a eu l’occasion s’exposer son point de vue. On peut néanmoins, dans le cas des coopératives, s’étonner que M. Ahmed Ben Salah s’en tienne, quarante ans après les faits, à la thèse du complot pour expliquer l’échec de son expérience. Il reste que ce travail, en dépit de toutes ses qualités souffre de quelques faiblesses. La lutte armée, et surtout le mouvement fellagha, y sont à peine abordés. De même, quand il évoque l’assassinat de Salah Ben Youssef, imputé à des hommes proches de Bourguiba, l'auteur ne souffle mot des tentatives, pourtant avérées, d’assassinat de Bourguiba par des proches de l'ancien secrétaire général du Néo Destour, dans les années 56-57 dont l’une devait avoir lieu au théâtre municipal de Tunis,lors d'une représentation théâtrale à laquelle devait assister «le combattant suprême».