Béji Caid Essebsi : Faites un référendum sur la Chariaa, si nécessaire
«Diverses entraves se posent pour faire respecter les échéances convenues pour la finalisation de la Constitution et l’organisation des élections avant le 23 octobre 2012 au plus tard. Parmi ces entraves, la question de la Chariaa qui semble faire problème. Si le gouvernement qui paraît rencontrer des difficultés à ce sujet avec certains de ses partenaires, n’arrive pas à faire prévaloir l’engagement pris par Ennahda pour reconduire l’article Premier de la Constitution de 1959, je lui recommande fortement d’appliquer ce qui a été convenu et, à la limite de recourir, si besoin est à un référendum sur la question». Pour l’ancien premier ministre Béji Caïd Essebsi, en débloquant l’article Premier de la nouvelle constitution et clarifiant la feuille de route, remettant en marche l’ISIE et faisant voter une nouvelle loi électorale plus appropriées pour des législatives, le travail de la Constituante comme celui du gouvernement sera nettement facilité et une grande source de tension sera désamorcée.
Mise à jour: Ennahdha maintient l’Article Premier de la Constitution de 1959. Réuni dimanche à Tunis, le Comité Constitutif du mouvement Ennahdha (instance suprême entre les congrès) a adopté le principe du maintien de l’Article Premier de la Constitution de 1959, en l’état actuel, dans l’élaboration de la nouvelle constitution, annonce un communiqué publié dimanchw soir. Cette décision met fin au débat, ne serait-ce qu’en interne au sein du parti mouvement, sur l’application de la Chariaa comme source principale d’inspiration.
Mais, ce n’est pas l’unique mesure urgente qu’il recommande. Pour faire face à la situation économique qui empire, Caïd Essebsi estime que «la loyauté et le patriotisme exigent aujourd’hui du gouvernement qu’il élargisse la base de sa représentativité en faveur d’un consensus ». Un appel très clair à y associer les autres partis significatifs, mais aussi des organisations nationales et des composantes de la société civile agissantes, ainsi que des figures indépendantes.
Pendant près d’une demi heure, devant une salle archicomble (plus de 5000 personnes à l’intérieur et 2000 à l’extérieur), Béji Caïd Essebsi s’est livré samedi après midi à Monastir, à l’exercice talentueux de son art oratoire. Il n’oubliera ni « Ya Sayyed Lassied », en hommage à Bourguiba, ni «Ya Mazeri Hell El Bibane», en invoquant le grand Saint des lieux pour aider à ouvrir les portes, ni les fléchettes adressées « aux frères, mais, il ne s’agit pas des frères musulmans », s’en défend-il.
S’il n’annonce pas d’initiative précise quant à la formation d’un parti du centre, ou du moins, d’un grand front démocratique et moderniste, il se contente de souligner que « ce meeting de Monastir constitue un premier pas vers un mouvement fédérateur plus large et plus fort, indispensable à constituer. «Nous devons préparer les conditions favorables à une réelle alternance au pouvoir, en incitant le plus grand nombre possible de forces démocratiques et progressistes du centre à se rassembler et créer ainsi un courant fort, à même de peser de tout son poids».
Tout en se félicitant des divers rapprochements et fusions intervenus récemment entre nombre de partis, au sein de différents pôles et espérant voir le PDP et ses nouveaux partenaires notamment Afek Tounes y réussir ainsi que d’autres, Caïd Essebsi a laissé entendre que d’autres initiatives fédératrices de l’ensemble ne sauraient tarder.
Le road-show commencé à Monastir se poursuivra vraisemblablement dans d’autres régions, à commencer par Bizerte pour couvrir l’ensemble des gouvernorats et se terminer en apothéose à Tunis. Par petites touches, Béji Caïd Essebsi procède ainsi avec sa prudence naturelle et son flair politique, pour concrétiser la grande « Initiative Populaire » tant attendue par ses supporters.
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