Ennahdha-BCE : un bras de fer à l'issue incertaine
Maintien de l’article premier de la constitution de 1959, désignation de la date des prochaines élections législatives et présidentielles, vives critiques de Rached Ghannouchi contre les Salafistes. Depuis quelques jours, le mouvement Ennahdha multiplie les concessions douloureuses. La dernière en date concerne l'article 1er de la constitution au risque de provoquer des réactions hostiles chez ses ultras comme chez les salafistes qu'il s'était interdit jusque-là de critiquer pour avoir été l'un des leurs dans sa prime jeunesse. Après avoir mobilisé ses troupes que ce soit à l'intérieur de l'ANC, dans les mosquées devenues de plus en plus des officines de ce mouvement ou dans la rue avec les marches du vendredi réclamant la charia, Ennahdha a dû faire machine arrière. Ghannouchi s'est même rappelé -fort opportunément- que le programme électoral de son parti ne faisait aucunément mention de la charia. Le parti islamiste a-t-il donc tourné le dos à ses « constantes ». Certainement pas, parce qu’il sait pertinemment qu’il y perdrait et son âme et son audience puisqu'il en avait fait dès le début son fonds de commerce.
Par contre, on peut comprendre qu’il fasse un repli tactique, surtout qu’il se trouve dans de mauvais draps, depuis un certain temps. Les grandes révolutions y ont toujours eu recours quand elles se sentait en difficulté : la NEP dans les années 20 en Russie et les « Cent fleurs », dans la Chine de Mao, par exemple, sont des épisodes bien connus. Une autre raison a joué dans le changement d’attitude d’Ennahdha : le succès du meeting de Monastir. Le mouvement s’y attendait un peu, mais il a été surpris par son ampleur. Indubitablement, il y a un effet Caïd Essebsi qui inquiète Ennahdha. D’où son revirement précipité. Il s’agissait de couper l’herbe sous les pieds de l’ancien premier ministre en faisant droit à deux revendications sur lesquelles il avait fait une véritable fixation. BCE devra maintenant trouver d'autres thèmes mobilisateurs. En vieux routier de la politique, il ne tardera pas à le faire ne serait-ce que pour maintenir la pression sur un parti qu'il sait aux abois et à pousser son avantage, en lui faisant avaler le maximum de couleuvres, histoire de le discréditer auprès de ses électeurs. En tout cas pour le moment rien n'est joué. Bien malin celui qui pourra prévoir l'issue de ce bras de fer.
Hédi
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