Dr Horst-Wolfram Kerll
Pour le Dr Horst-Wolfram Kerll, il portera toujours la Tunisie dans le coeur. Non seulement pour y avoir passé en 1973 son voyage de noces et y occupé, depuis 2007, son poste d’ambassadeur (avant de partir à la retraite, dans un an), mais aussi et surtout pour y avoir vécu le tournant historique de la révolution. Ce juriste (avocat, docteur en droit, études en économie et master en sciences politiques), 64 ans, père de deux enfants, a toujours été particulièrement attentif aux questions relatives aux droits de l’Homme, aux civilisations et au dialogue entre les religions mais également à la culture. Entre de nombreuses affectations dans des ambassades d’Allemagne à l’étranger (Budapest, Ankara, Genève, et Lisbonne), il avait été chargé, au ministère des Affaires étrangères à Berlin, en 2001, des relations culturelles. Les évènements du 11-Septembre ne pouvaient alors que le confirmer dans sa conviction de mieux comprendre l’Islam, de s’intéresser de près aux musulmans modérés, de dialoguer avec eux et d’établir un grand et vaste programme intitulé «Dialogue Europe-Islam». Nommé ambassadeur au Paraguay (2004), il s’en éloignera un peu, mais sa mutation à Tunis lui en offrira la meilleure occasion possible. L’idée même du dialogue, amorcée en 2001, trouve son aboutissement avec l’arrivée d’Ennahdha au pouvoir. En dix ans, la boucle est bouclée.
«J’y ai surtout compris qu’il faut changer de vocabulaire, pour être plus précis et plus juste, en distinguant des partis islamiques modérés, comme Ennahdha, des groupes radicaux qui prônent la violence, un amalgame qui peut persister à l’étranger. Evidemment, nous ne jugeons pas sur les discours, mais sur les actes en accordant le préjugé favorable, en donnant la chance à chacun et en jugeant sur la politique concrète. A ses yeux, la situation en Tunisie reste, comme au début de toute révolution, complexe et compliquée. Les lignes rouges à ne pas franchir sont celles de l’installation de la violence, la déliquescence de l’Etat et l’anéantissement de son autorité. Quant à l’impératif majeur et urgent, c’est la relance de l’activité économique et l’arrêt de tout extrémisme violent.
Sportif, féru de plongée, amateur de ski, de parapente, de voile, de tennis et de golf, le Dr Horst-Wolfram Kerll est également un grand amateur de randonnées à la montagne comme dans le désert, connaissant bien les camps de tentes du sud. Sur ces plans, la Tunisie lui offre un cadre magnifique. «Un pays fabuleux, dira-t-il. J’aurais beaucoup de mal à le quitter. Mais, sans doute, j’y passerai une bonne partie de ma retraite où je viendrai sur demande si je peux encore être utile».