Trois plaintes contre les salafistes pour slogans antisémites et appels au meurtre contre Caïd Essebsi
En l’espace de 24 heures, trois plaintes ont déposées. Les deux premières l’ont été par le président de la communauté israélite de Tunisie, M. Roger Bismuth et l’association de défense des minorités, suite aux slogans anti juifs scandés lors de la marche organisée par les salafistes, dimanche 25 mars et la troisième par un groupe d’avocats, suite aux appels au meurtre lancés contre M. Béji Caïd Essebsi, lors de la même marche.
Depuis le début de la révolution, il y a quinze mois, la plupart des manifestations organisées par les salafistes ont été marquées par des dérapages de ce genre, sans que les différents gouvernements qui se sont succédé depuis le 14 janvier aient levé le petit doigt pour y mettre le holà. Par impuissance au début, puis, depuis quelques mois, de manière délibérée, d’où la tournure qu’elles ont prises. Des participants de plus en plus nombreux et leurs menaces plus précises, comme si les participants étaient assurés de l'impunité la plus totale. Il y a eu la Manouba, puis l'affaire du drapeau dont l'auteur court toujours, puis la marche du dimanche : « préparez-vous au combat contre les juifs » a averti un barbu sur fond de « takbirs » et de « mort aux juifs » alors que BCE « et sa bande » ont eu droit à des appels au meurtre lancés par un prédicateur exerçant au ministère des affaires religieuses, chargé de l’encadrement des imams. Non seulement son département n’a pris aucune sanction contre lui, mais il s’est pratiquement solidarisé avec lui en le présentant comme un homme respectable dont les écrits sont connus pour leur qualité et leur pertinence. Heureusement, il y a facebook qui l’a montré, muni d’un mégaphone vouer aux gémonies l’ancien premier ministre.
Comment expliquer cette radicalisation ? Sans doute par l'afflux d'islamistes radicaux tunisiens qui exerçaient leurs "talents" à l'étranger. Pourquoi courir le risque de se faire prendre à l'étranger, alors que la mère-patrie est prête à accueillir à bras ouverts ses enfants prodiges, ceux d'Irak, d'Afghanistan et sans doute demain, ceux de Guantanamo ? En tout cas, les autorités s'y emploient et les résultats sont spectaculaires, compte tenu de l'esprit coopératif des "pays hôtes" qui ne se font pas prier pour nous passer la patate chaude.