Salafistes : la conduite à suivre selon Rached Ghannouchi
«C’est un phénomène qui ne concerne pas uniquement la Tunisie, mais s’étend à toute la région » estime Rached Ghannouchi en développant sa vision des mouvements salafistes et la manière de les traiter. Privilégier la confrontation sécuritaire avec eux, ne constitue pas la meilleure attitude à adopter à leur égard. Nous devons établir le dialogue avec eux et le poursuivre jusqu’à convaincre le maximum d’entre eux pour renoncer à l’extrémisme et bannir la violence. C’est ainsi que nous pourrons les ramener à l’équilibre et à la tolérance. Quant aux derniers irréductibles, il ne faut pas hésiter alors à leur opposer la loi et à la mettre en œuvre quand ils enfreignent ses règles».
Ghannouchi se dit d’autant plus à l’aise d’en parler que les Salafistes avaient boycotté les élections du 23 octobre et n’avaient pas du coup voté en faveur d’Ennahda. « Ils ne font pas partie de notre base électorale et nous ne sommes redevables en rien à leur égard », a-t-il indiqué.
Comparant les salafistes tunisiens à ceux des autres pays, Rached Ghannouchi souligne que : « ils n’avaient été invités durant leur emprisonnement à aucun dialogue, aucun débat, le régime déchu ne leur réservant que torture et maltraitance ce qui attisait en eux un sentiment de radicalisme. Endurcis par tant de violence et de souffrances, ils n’étaient pas préparés au dialogue et nous devons les inciter à s’ouvrir à l’autre, l’écouter et débattre avec lui ».
S’exprimant jeudi soir lors de sa rencontre avec des journalistes, Ghannouchi rappelle les mouvements extrémistes de droite comme de gauche qui avaient sévi en Europe, début des années 70. Il explique que par le dialogue et le débat intellectuel, un grand nombre de leurs militants ont fini par renoncer à l’action armée et aux attentats pour se réinsérer dans la société, tout en reprenant pied dans l’action politique pacifique. Certains parmi eux, dit-il, siègent actuellement dans les parlements et au Conseil de l’Europe. « Si les pays du Nord y sont parvenus, affirme-t-il, nous pouvons faire autant et ramener vers la bonne voie le plus grand nombre possible de nos enfants égarés».
Le leader d’Ennahda a révélé à cette occasion qu’il a engagé un premier dialogue avec quelques uns des chefs des mouvements salafistes et qu’il garde bon espoir de parvenir à de bons résultats.