Hommage à ... - 05.04.2012

Mohamed Fourati: La vie d'un chirurgien...

La vie d’ un chirurgien est le plus souvent marquée par les prouesses techniques réalisées et la réussite de gestes salvateurs en passant sous silence le chemin parcouru afin d’obtenir la formation et l’expérience requises pour y parvenir.

Pour ma part, je veux rendre hommage aux «Maîtres» qui ont guidé mes pas et jalonné ce chemin en considérant cela comme un devoir de mémoire vis-à-vis de ces derniers. Que ce témoignage soit considéré comme un modeste présent à ce grand maître qui m’a aidé à asseoir la chirurgie vasculaire en Tunisie.

Mohamed Fourati, chirurgien avec un grand «C», un des grands maîtres de la chirurgie nationale, un des artisans de la médecine tunisienne de l’ére Bourguiba et de la présidence suivante. Pionnier de la chirurgie cardiaque à coeur fermé puis à coeur ouvert. C’était un artiste créateur qui se voulait aussi modeste que discret et humble.

«Chirurgien de renom», comme le disait son ami et compagnon de route, notre maître, le père de la cardiologie tunisienne, le Professeur Mohamed Ben Ismail. C’était un fervent militant des droits de l’Homme, un représentant sur la scène internationale et un doyen du Collège des chirurgiens cardiaques. Ce fut un grand évènement pour la Santé militaire de l’accueillir en 1989 dans le nouvel hôpital de Bab Alioua et de lui confier le service de chirurgie cardiovasculaire et thoracique afin d’y initier la chirurgie de pointe.

Depuis, nous avons pu apprécier à ses côtés son sens profond du savoir-faire, du sacrifice, du devoir et de l’amour du prochain.

Il nous étonnait toujours par sa soif incessante de soulager les souffrances et sa rigueur dans la réflexion en rejetant toutes les idées établies avant qu’elles n’aient été vérifiées. Figure de proue» et référence dans le domaine «si Mohamed» a cultivée considération et respect des grands noms de la cardiologie et de la chirurgie cardiaque internationale, pour n’ en citer que : le Pr Charles Hahn, le Pr Christian Cabrol, le Pr Yves Neveus, le Pr Iraj Gangbackh.

Nous l’avons suivi avec une grande admiration dans l’élaboration du programme de transplantation d’organes de l’Hôpital Militaire. En leader, il a orchestré le premier prélèvement multiorganes en Tunisie à partir d’un donneur cadavérique en permettant ainsi le démarrage de la première greffe rénale à l’Hôpital en décembre 1992.

Il a su couronner sa brillante carrière par la réalisation et la réussite, le 15 janvier 1993, de la première greffe cardiaque au Maghreb et dont a bénéficié le célèbre Ali Boussif de Sidi Bou Saïd. Malgré cette réussite nationale et internationale, il avait une ténacité tant pour faire aboutir les recherches que pour divulguer les nouvelles techniques opératoires.

C’est sous son impulsion et ses encouragements incessants que nous avons assisté à l’épanouissement de la chirurgie vasculaire et endovasculaire ainsi qu’à la réalisation de la première greffe combinée rein-pancréas continentale. En grand maître, il a donné à ceux qui l’ont côtoyé de longues années durant, les leçons essentielles de la carrière chirurgicale.Leçons d’humanité, leçons de prudence et d’humilité qui guideront et jalonneront les pas de ses jeunes élèves auxquels je m’identifie avec fierté. Cher Maître, Monsieur, cher ami au nom de la famille médicale tunisienne : merci.

M.J. M.
(*)Chef du service de chirurgie vasculaire
et de transplantation d’organes
Hôpital Militaire de Tunis

Lire aussi :

Mohamed Fourati Un camarade…

Professeur Mohamed Fourati : Pionnier de la chirurgie cardiaque tunisienne

La Faculté de Médecine de Tunis rend hommage au Pr Mohamed Fourati


 

Tags : Mohamed Fourati