BCE chez Samir Dilou:"Concentrons-nous sur les problèmes actuels"
C’était sa quatrième visite à cette magnifique bâtisse du Bardo où siège désormais le ministère des Droits de l’homme et de la Justice transitionnelle. Sa dernière visite à ces locaux qui abritaient la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution remonte à la fin de l’été 2011, à l’occasion de la clôture des travaux de cette instance, alors que les deux premières avaient été consacrées à des séances d’audition avec les membres de cette institution. C’est dire que M. Béji Caïd Essebsi était en terrain connu ce vendredi lors de sa rencontre avec M. Samir Dilou. L’entretien aurait pu se dérouler chez l’ancien premier ministre, comme M. Dilou en avait exprimé le souhait « comme on le fait avec un frère aîné » a dit le ministre en accueillant BCE. Mais ce dernier a refusé « par respect, a-t-il précisé, pour la fonction de ministre et des institutions républicaines ».
L’entretien entre dans le cadre des contacts que M. Dilou a engagés avec les personnalités nationales et les dirigeants de l’opposition. Que se sont dit les deux hommes ? Si Béji s’étant refusé à toute déclaration, contrairement aux personnalités qui l'ont précédé au bureau du ministre, on doit s’en tenir aux précisions qui en ont été donnés par le ministre, telles qu’ont été rapportées par l’agence Tap : « Le Premier ministre de l'ancien gouvernement transitoire, Béji Caïd Essebsi, considère qu’il est inutile d'éplucher les vieux dossiers et de remettre à l'ordre du jour les conflits d'un passé lointain. Aborder l'histoire est du ressort des historiens(…) L'étape actuelle exige de concentrer les efforts sur la résolution des problèmes politiques et sociaux et d'entamer les chantiers de réforme». Une position que M. Dilou qualifie de « défendable» et d’ «originale» parce qu’elle « diffère de la tendance générale de ses précédentes rencontres avec les partis politiques, les organisations et les personnalités nationales qui ont insisté sur la nécessité d'ouvrir les vieux dossiers, de réécrire objectivement l'histoire et d'inclure l'intervalle séparant les deux Assemblées Constituantes (1956 et 2011) dans le champs de la justice transitionnelle».
On pense bien sûr à la plainte déposée contre l'ancien premier ministre à propos de tortures contre les Youssefistes. Si Béji chercherait-il à fermer ce dossier : réponse de M. Dilou : «Béji Caïd Essebsi est un homme d'Etat, il était influent à une époque de l'histoire du pays et j'exclus que sa position soit motivée par des considérations personnelles».
Le rencontre a également permis d'aborder d'autres sujets «comme la situation politique dans le pays ou encore les défis relatifs au règlement du dossier des blessés et martyrs de la révolution», a-t-il ajouté.