Je dénonce !
Je dénonce !
9 Avril 2011, je me dresse fier, la tête haute, à Sijoumi, alors que les militaires entonnent l’hymne national. Un hymne, une reconnaissance, une pensée, à la mémoire de nos martyrs, tombés sous les balles du colonialisme pour notre indépendance ; et ceux tombés sous les balles de la dictature pour notre liberté et la construction d’une vraie démocratie.
Ce jour là, un vent de liberté soufflait sur la Tunisie. Une Tunisie jeune, fière, forte, Libre !
9 Avril 2012, Place du 14 Janvier, je regarde horrifié des Tunisiens se faire tabasser à coup de matraques et de gaz lacrymogènes. Je me regarde avec des milliers d’autres Tunisiens, de citoyens, de militants, de journalistes empêchés de célébrer nos martyrs, empêchés d’accéder à l’Avenue Habib Bourguiba, une Avenue Symbole.
Aujourd’hui, je me sens trahi, triste et surtout moins fier. La Tunisie n’est plus ni jeune, ni forte et encore moins Libre!
Je sais, ce fut un long silence de ma part. Je n’ai rien dit, rien critiqué depuis que j’ai quitté le Gouvernement. Mais ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas trop bavard. Que je n’aime pas polémiquer. Que je suis un homme conciliant. Que je ne me manifeste jamais si je n’ai rien à dire. Aujourd’hui je me manifeste. En simple citoyen. Petit fils d’un martyr de l’indépendance. Je me manifeste pour dénoncer.
Je dénonce cette confiscation de nos symboles les plus précieux.
Je dénonce cette atteinte à nos libertés.
Je dénonce cette cacophonie dans laquelle nous vivons depuis des mois
Je dénonce cette atteinte à la pensée de nos martyrs.
Je dénonce cette violence aveugle dont a été victime notre jeunesse, nos jeunes diplômés sans emploi.
Je dénonce le démenti et le déni total, sur les ondes des radios, de ce qui s’est passé aujourd’hui et l’approbation de la fermeture de l’Avenue Habib Bourguiba aux Tunisiens.
Je dénonce cette incapacité des uns et des autres à mener la Tunisie à bon port.
Il aurait été plus intelligent de déclarer ce 9 Avril 2012 Journée d’Unité Nationale. D’essayer de réunir tous les Tunisiens, toutes idéologies et toutes appartenances confondues, autour d’une histoire et d’un idéal communs. De les réunir autour des martyrs de l’indépendance ; ces grands Hommes qui j’en suis sûr doivent se retourner dans leurs tombes vu ce qui se passe dans notre pays.
Loin de moi l’idée de donner des conseils à qui que ce soit ; qui oserait d’ailleurs le faire aujourd’hui sans se faire accuser de tous les maux et de toutes les traitrises.
Je suis désolé de paraitre pessimiste; mais franchement les amis…
Pauvre Tunisie ! Pauvre Peuple !
Slim Chaker