News - 19.04.2012

Après le départ d'Abderraouf Ayadi : le CPR est-il sorti de l'ornière ?

Depuis quelques mois, le parti de Moncef Marzouki,  le CPR, tel un bateau ivre, tanguait dangereusement au point de susciter des interrogations sur son sort. Après s’être interdit de prendre position, ménageant les uns et les autres,  le président de la république provisoire s’est finalement  résolu  à charger son fidèle lieutenant, M. Imed Daimi, de trancher dans le vif : le limogeage du secrétaire général  par intérim, Abderraouf Ayadi qui se voit, à l’occasion, chargé de tous les maux : «  son mandat a été marqué par une politique d'exclusion et de marginalisation » ; « il n'a pas convoqué une seule fois une réunion du bureau politique et n'a jamais assisté à aucune réunion tenue par la majorité de ses membres comme le stipule le règlement intérieur du parti » ; le conseil national restreint (qu’il a créé) est  qualifié d' « illégal », car il a «instauré un climat de confrontation entre le secrétaire général par intérim, les cadres du parti et la base dans les régions». Enfin, « sa  participation au congrès du parti  des Forces libanaises au cours duquel il a « félicité les camarades qui militent pour la liberté et la démocratie » est la « goutte qui a fait déborder le vase »,  parce qu’elle « n'a rien avoir avec la ligne politique du parti ni avec ses convictions ».

Le réquisitoire de M. Daami qui s’exprimait jeudi après midi en tant que porte-parole du CPR est implacable au point qu’on se serait cru par moment dans la Tchécoslovaquie des années 50. A deux différences près : Ayadi n’est pas exclu du parti, ni du bureau politique, même si on le voit mal reprendre sa place au sein de cette instance après cette charge...et n’a pas été invité à faire son mea culpa. D’ailleurs, ce n’est pas du tout son genre. A preuve : fidèle à son habitude, il a dénoncé dans une déclaration à Mosaïquefm,   la décision du bureau politique qu’il a considérée comme « nulle et non avenue » et accusé « certains membres influents du parti d’avoir tout fait pour « saboter  [ses] tentatives de restructuration du CPR ».

Mais, au fait, que peut penser le Dr Marzouki de tout cela. M. Ayadi ne s’était-il pas prévalu par le passé de la confiance de président pour faire passer ses décisions ? 

Interrogé sur ce point, Imed Daimi a indiqué que Moncef Marzouki qui a choisi de se démettre de ses fonctions à la tête du parti après avoir accédé à la présidence de la République, suit de près la vie du parti en sa qualité de membre et s'emploie à «trouver des solutions et à rapprocher les vues».

Mais, on imagine mal qu’il n’ait pas donné son aval aux décisions du bureau politique, s'il ne les a pas inspirées. Signe d'une belle unanimité, tous les membres de cette instance étaient d'ailleurs,  présents à la conférence de presse,  à l’exception des ministres Maatar et Abbou qui s’étaient fait excuser. « M. Abbou se devait d’ailleurs de donner l’exemple. En tant que ministre de la fonction publique, il ne pouvait pas quitter son bureau pendant les heures de travail », a commenté sournoisement un des militants présents. En contrepartie, les caciques du parti étaient là : MM. Ben Hmidane, ministre des domaines de l’Etat, Hichem Ben Jemaa, secrétaire d’Etat à la jeunesse et des sports, Aziz Krichene, conseiller du président qui fait ainsi son entrée dans le saint des saints, Amor Chetoui, Tahar Hmila, adversaire irréductible de Ayadi, Samir Ben Amor etc.

Reste à savoir si ce limogeage va suffir à mettre un terme aux crises qui ont secoué la parti ces derniers temps ou si le mal est plus profond avec en perspective de nouvelles turbulences encore plus graves que les précédentes. Ne parle-t-on pas déjà de la création par des dissidents du CPR d'un nouveau parti, le Congrès Pour la Tunisie ?

A rappeler, que Abderraouf Ayadi avait  adressé mercredi  une lettre ouverte au «conseil national restreint du CPR, à ses militants et militantes pour faire le point sur les raisons de la crise que vit le parti».

Il a pointé du doigt les «défaillances des membres du gouvernement et de l'Assemble constituante parmi les militants du CPR», menaçant de rompre avec eux s'ils venaient à «négliger ses observations».

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