Un nouvel appel de BCE : la dernière ligne droite avant la création d'un parti ?
A 86 ans, toujours bon pied, bon œil, imperturbable face aux critiques dont il est la cible, Béji Caïd Essebsi semble plus que jamais décidé à mener à bien la mission de redressement républicain dont il s’est investi depuis les élections du 23 octobre. Après son « Appel à l’opinion publique » du 26 janvier 2012, voici « l’appel de la Tunisie ».
En postulat, il y pose la nécessité de réussir la deuxième phase de la transition démocratique. Une idée récurrente qu'on retrouve dans toutes ses déclarations. Suit un préambule où il brosse à grands traits un tableau bien sombre de la situation politique, économique et sociale, dominée notamment par « la montée de l’extrémisme violent qui menace les libertés publiques et individuelles et la sécurité des citoyens », pour, ensuite, aboutir à l’impératif d’unir «les forces de progrès autour d’une plate-forme commune de manière à engager le processus démocratique sur la bonne voie avec toutes les parties, y compris le gouvernement provisoire actuel».
Il énumère ensuite un certain nombre de préalables à un dialogue constructif : d’abord, cette piqure de rappel : « l’ANC devra respecter les engagements pris ultérieurement en fixant clairement un délai pour l’élaboration de la constitution et la tenue des prochaines élections tout en réactivant dans les délais les plus brefs l’ISIE ». Suit une série de recommandations comme la mise au point d’un plan de sauvetage de l’économie nationale qui « devra faire l’objet d’un consensus basé sur le retour de la confiance, de la sécurité de la stabilité, des investissements, la réactivation de l’appareil de production, la création de plus d’emplois et la sauvegarde du pouvoir d’achat du Tunisien » ; un intérêt accru pour les régions déshéritées et les jeunes sur la base de la justice sociale et de la solidarité nationale. Il met en garde contre toute interpénétration entre l’appareil d’Etat et les partis la politisation des mosquées, l’émergence des milices et les dangers du terrorisme « qui menace la sécurité du pays et les intérêts nationaux et internationaux de la Tunisie » et appelle à sauvegarder la liberté de la presse et tous les acquis sociaux, citant notamment les droits de la femme avant de conclure à la nécessité d’observer « neutralisme positif » en matière de politique étrangère, loin des alliances ou fronts extérieurs.
Par petites touches, BCE affine son projet politique. S’il ne s’est pas résolu encore à sauter le pas en créant son parti, il s’en rapproche singulièrement, « en créant un comité de travail provisoire » pour « la réactivation et le suivi » composé de 12 personnalités dont cinq anciens ministres du gouvernement de si Beji. On notera la présence de trois femmes et l’absence de destouriens.
Les membres du comité :Lazhar Karoui Chabbi, Taïeb Baccouche, Boujemaa Remili, Ridha Belhaj, Selma Rekik Elloumi, Samah Dammak, Slim Chaker, Omar Shabou, Mohsen Marzouk, Mohamed Lazhar EL Akremi, Wafa Makhlouf Sayadi, Anis Ghedira.