L'Union Africaine rend hommage à « tous les Bouazizi de Tunisie »
« Au-delà du Président, du militant Marzouki, je voudrais également saluer la mémoire de tous les « Bouazizi » de Tunisie, ces jeunes qui ont su faire de leur désespoir, le levier de l’espérance d’un peuple et de la transformation d’un pays. Plus généralement, mon hommage va à toutes les forces politiques tunisiennes qui ont apporté une pierre à l’édifice actuellement en construction et s’emploient, avec les tâtonnements caractéristiques de toute entreprise démocratique, à consolider et à pérenniser les acquis enregistrés. Leurs sacrifices doivent continuer à nous inspirer ». C’est en ces termes que le président de la Commission de l’Union Africaine (AU), Jean Ping s’est adressé aux membres du Groupe des Sages qui tiennent depuis vendredi matin à Tunis, la 12ème session de leurs ateliers thématiques, consacré cette fois-ci à l’impact des révolutions en Afrique du Nord sur les autres pays du continent.
Invité à ouvrir les travaux de cet atelier, le président de la République Moncef Marzouki a réitéré, pour sa part, la détermination de la Tunisie à reprendre pleinement sa place au sein de l’UA et sur le continent africain en y jouant le rôle qui lui revient, désormais. Lors d’un débat engagé avec les participants, il a été interrogé notamment sur les grands défis qui se posent aujourd’hui à la Tunisie et sa manière de concilier son engagement militant avec celui de sa position de chef d’Etat. Pour Marzouki, « l’essentiel au-delà de cette conciliation, est de garder le cap sur une ligne droite et rester soi-même, par ces temps de fortes turbulences qui sont encore plus violentes et encore plus désagréables que lors de la lutte contre la dictature déchue». « Il faut tenir à ses idéaux, a-t-il ajouté et y être ferme et rigide, mais aussi s’adapter aux exigences de chaque instant». Marzouki n’a pas hésité à dire que dans l’exercice de ses nouvelles fonctions, il se trouve confronté chaque jour du matin au soir à des difficultés de tous genres qu’il lui appartient de surmonter. Citant le père de l'existentialisme, Kierkegaard, il a fait rappelé sa célèbre phrase : « Ce n’est pas le chemin qui est difficile, mais le difficile qui est le chemin ». Des difficultés qu’il considère, cependant, comme « positives ».
Quant aux grands défis, Moncef Marzouki estime que « la Tunisie est en train de réussir le maintien d'un consensus majeur entre les laïques modérés et les islamistes modérés, dans une alliance stratégique contre les guerres idéologiques et pour faire accepter la pluralité ». Il s’agit là, selon lui, d’une « maturité qui est la seule capable de résoudre les problèmes politiques, économiques et sociaux qu’affronte la Tunisie. »