"Moi, président de la république..."
Le face-à-face Nixon-Kennedy en septembre 1961, restera dans l’histoire, comme le premier débat télévisé entre les deux principaux candidats à la présidentielle. Depuis, la formule a fait fortune au point de constituer le point d’orgue des campagnes électorales dans les pays démocratiques, notamment aux Etats unis et en France où le président de la république est élu au suffrage universel.
L’actuelle campagne présidentielle en France est venue confirmer l’engouement pour ces débats (pas moins de 17 millions de téléspectateurs ont suivi mercredi le face-à-face Sarkozy-Hollande). Contrairement à une idée largement répandue, leur impact sur les résultats est très relatif. Ils permettent surtout de conforter les électeurs dans leurs convictions. Par contre, ils offrent aux téléspectateurs de grands moments de télévision, surtout quand les deux protagonistes sont rompus aux joutes oratoires. Ce qui a été le cas, mercredi. On connaissait Sarkozy et on pensait qu'il était imbattable dans les duels. Son face-à-face avec Hollande, pensait-on, ne pouvait être qu'une simple formalité. Le problème, c'est que ce soir-là, le candidat socialiste allait se révéler un excellent "débater". On était bien loin du Hollande niais et à la limite de la débilité des Guignols.
En trente huit de débats, Quelques phrases ont marqué les esprits : d’abord, le «vous n’avez pas le monopole du cœur » de Valéry Giscard D’Estaing en 1974, s’adressant à Mitterrand. Ce dernier se rattrapera sept ans plus tard face au même adversaire : « vous avez tendance à reprendre le refrain d’il y a sept ans : « l’homme du passé», c’est quand même ennuyeux que, dans l’intervalle, vous soyez devenu l’homme du passif». Lors du débat de mercredi, François Hollande, appelé à conclure, fera une série de promesses en débutant toutes ses phrases par « Moi, président de la république je… ». Il ne faut, surtout pas croire que ces petites phrases sont improvisées. Elles ont été conçues, préparées, remuées en tout sens, testées avant d’être livrées au candidat par ses conseillers.
« Moi, président de la république je… ». C’est, peut-être, ce que l’histoire retiendra de ce débat de trois heures (un record) entre deux hommes qui représentent en tout cas, ce que le personnel politique français a de mieux à « offrir » aujourd’hui. Deux hommes d’Etat : un Sarkozy agressif, cherchant à tout prix le KO, face à un Hollande au calme olympien, sûr de lui et dominateur. Sevrés de débats de qualité, les Tunisiens qui étaient scotchés à leurs fauteuils ce mercredi 3 mai ont certainement apprécié. Quelques uns n’ont pas résisté à la tentation de faire des comparaisons avec nos débats. Inutile de préciser qu'elles n’étaient pas à notre avantage.
Hédi