"Nous sommes là pour trente ans au moins !"
Nicolas Sarkozy s’est-il retiré de la vie politique ? Dans son discours devant les militants de l’UMP, dimanche, à l’issue de la proclamation des résultats des élections présidentielles, il a annoncé sa décision de ne pas se représenter aux prochaines élections présidentielles. Ce lundi 7 mai, il a été plus explicite, confiant à des membres de son parti qu’il se retirerait de la vie politique. Il emboîte ainsi, le pas, à la plupart des hommes politiques occidentaux ayant subi un revers électoral. Un geste banal, qui tombe sous le sens, et qui pourtant suscite toujours dans nos pays à la fois de l'admiration, de l'incompréhension et de l'envie comme s'il s'agissait pour nous d'un rêve inaccessible.
Comment un homme normalement constitué peut-il renoncer si facilement aux ors de la république sous lesquels il a vécu pendant cinq ans, recevant les grands de ce monde pour, finalement, se résoudre « à redevenir un Français parmi les Français » ? C'est tout simplement le résultat de deux siècles de combats pour la liberté finalement acquise au prix de beaucoup de sang et de larmes, tant il est vrai que la démocratie ne se décrète pas. C'est toute une culture qu'on acquiert. En cinquante cinq ans, les Tunisiens ont eu droit à deux présidents qui n’ont quitté le pouvoir que contraints et forcés, alors que dans d’autres contrées, on a dû inventer, comme si la présidence à vie ne suffisait plus, la république héréditaire. Elle sera expérimentée avec succès dans un premier temps en Syrie et était sur le point de l’être en Egypte, en Libye puis au Yémen avant que la révolution ne vienne frapper de caducité cette hérésie constitutionnelle.
Pour autant, en sommes-nous imm unisées de manière définitive ? Certainement pas. Le ventre est encore fécond…
Il n’est qu’à entendre ces prédictions répétées à l’envi depuis quelque temps par lesmilitants d'un parti :« nous sommes-là pour trente ans au moins !». Il y a un début à tout.