Ahmed Néjib Chebbi est-il fini ?
A-t-il perdu pied sur l’échiquier politique ? Ou opère-t-il un repli stratégique pour se tenir à la réserve en prévision des prochaines échéances? Où en est le leader historique du PDP Ahmed Néjib Chebbi, qui avait incarné, à la veille des élections du 23 octobre, l’espoir des siens pour s’imposer en vainqueur, en interlocuteur de premier ordre et incontournable des nouvelles forces appelées à conduire la deuxième phase de la Tunisie? Grand perdant du scrutin, il avait refusé de se joindre à la coalition et faire participer le PDP au gouvernement, préférant s’installer dans une « opposition positive».
Quelques mois après, l’espoir de créer un grand parti uni du centre s’est limité à la fusion avec Afek Tounes et d’autres formations en un Parti républicain. Les discussions avec le Pôle démocratique moderniste et ses partenaires, réunis sous la bannière d’un nouveau parti Al Massar (La Voie Sociale et Démocrate) n’ont pu aboutir jusqu’à la dernière minute. Quant au Parti républicain, à l’heure même où il annonçait sa création, le 9 avril, dans la grande salle d’un hôtel d’El Kantaoui, il enregistrait, juste dans une salle à côté, sa première dissidence menée par un groupe de jeunes militants, parmi les élus du comité central et des représentants à l’Assemblée nationale constituante. Situation bien embarrassante qui dessine une fracture entre la « direction historique » et les « jeunes modernistes ».
Dans la nouvelle architecture du PR, Ahmed Néjib Chebbi, qui avait déjà passé la main dès 2006, après 23 ans, au secrétariat général du PDP à Maya Jeribi, ne figure pas dans l’organigramme de la direction immédiate. Il a certes été élu membre du bureau politique (17 membres), sans pour autant assumer une responsabilité opérationnelle directe. Mais, il nous le dira, il est président de la commission politique et nous expliquera sa mission.
Quelle place occupera-t-il désormais au sein du PR, parmi les forces démocratiques qui s’emploient à constituer un large front de rééquilibrage du paysage politique en vue de favoriser une alternance au pouvoir ? Comment apprécie-t-il la situation générale dans le pays et l’action du gouvernement? Quelles sont ses relations avec Ennahdha? Et Moncef Marzouki ? Comment réagit-il à l’idée de l’élargissement du gouvernement et sa participation ou celle de son parti ? Quelle architecture générale voit-il nécessaire pour la gestion de la transition? Et quelles solutions immédiates préconise-t-il pour le développement régional ? Autant de questions que Leaders lui a posées.
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