Patrie et patrimoine
La Tunisie post-révolution 14/01 célèbre, ces jours le mois du patrimoine. Une occasion privilégiée pour sensibiliser et enraciner les Tunisiens dans leur identité. Laquelle réconciliant les autochtones avec eux – mêmes, démontre également, combien cette terre de Tunisie, à l'histoire plusieurs fois millénaire aura eu le mérite de brasser diverses entités, sans perdre pour autant les spécificités de sa personnalité singulière, à l'instar des autres portions de la planète.
Il n'en demeure pas moins que cette célébration s'entache du goût de l'inachevé. Et ce pour au moins deux raisons. Premièrement, elle se caractérise par une dimension qui ne tient pas compte de celle anté- historique ou pré- historique. Une lacune que l'on pourrait combler par une demande formelle ou officielle de restitution des objets et matériaux qui meublent les musées internationaux, spoliés, notamment durant la domination de l'empire ottoman et du protectorat français. En effet, et à titre d'exemple le musée Topkapi, à Istanboul ou celui du musée de l'Homme à Paris renferment des pans entiers de la mémoire préhistorique du pays .Les autorités- actuelles ou futures - ne sont-elles pas en droit d'en réclamer la restitution, par l'entremise de l'Unesco ou le droit international pertinent.
Deuxièment, l'historicité de la Tunisie ne débute pas avec l'arrivée des marchands phéniciens et l'idyllique Elissa. Pour établir des comptoirs sur la cote tunisienne, ces marchands ont joué sur divers subterfuges mettant à contribution les charmes de leurs odalisques et la " corruption" des maitres autochtones dits berbères, dans leur variété ethnique et leur égo(humain ) de domination.
Dans ce contexte, ces berbères ont farouchement défendu l'intégrité de leur territoire, nonobstant les intrigues, la lâcheté des uns et la bravoure des autres. Est- ce un hasard si les annales retiennent les hauts faits de leaders comme Massinissa et son petit fils Jugurtha( Roi de Numidie 118-105 avant J.C.)? Malgré la trahison des siens, celui-ci avait tenu tête jusqu'au bout ,à la barbarie de l'Empire Romain. Il finit ses jours prisonnier, enchainé et affamé dans une geôle-grotte- située à la périphérie de Rome. 22 siècles plus tard, l'atmosphère se dégageant de cette geôle donne froid au dos au visiteur (...). Elle rappelle aussi les grandeurs et la servitude du pouvoir( politique). Et par ricochet, le souvenir de Hannibal ,héros et guerrier tunisien de son temps qui finit fuyard en terre asiatique et celui …d'un Ben Ali, général, autant tunisien , actuel hôte( vip )du serviteur des deux saintes mosquées.
Ne serait-ce donc que sur le plan symbolique, la Tunisie post- révolution pourrait-elle réclamer à Paris la restitution des objets primitifs de l'homme de l'ére capsienne et à Rome, les restes de son héros Numide?. Quant au héraut du " changement", il a encore devant lui, au moins … 20 siècles de liberté !
OH
(Journaliste)