Pour les prochaines élections : une nouvelle ISIE sans quotas est-elle possible?
Debout, une bonne partie de la salle scande : « Instance supérieure ! ». Une autre bonne partie complète : « Indépendante ». Au pupitre sur le podium du palais de congrès ce vendredi après-midi, lors de la séance de clôture des travaux de l’Instance Supérieure Indépendante pour les Elections (ISIE), Mustapha Ben Jaafar, président de l’Assemblée nationale constituante a bien compris le message. « Nous devons effectivement fonder la neutralité de l’ISIE, non pas sur un quota entre les forces politiques, mais sur l’intégrité et l’indépendance de ses membres. Constitutionnalisée, l’ISIE doit être une haute instance publique indépendante et permanente. C’est pourquoi, il nous appartient de préserver ce grand acquis et d’approfondir les concertations afin de parvenir à un consensus général à son sujet », concède t-il.
Assis au premier, le président de la République, Moncef Marzouki, avec à ses côtés Kamel Jendoubi, président de l’ISIE, les chefs de partis politiques, l’ancien premier ministre Béji Caid Essebsi et de nombreux membres du gouvernement actuel et celui qui l’avait présidé, trouve dans ces propos, l’écho de ce qu’il avait proclamé à l’ouverture de la cérémonie. « Point de retour aux pratiques de la dictature : l’ISIE constitue aujourd’hui une véritable institution, née dans des circonstances historiques comme celles qui avaient présidé à la création de l’UGTT et de la LTDH et nous savons tous combien elles sont précieuses. Il est de notre devoir de garantir à l’ISIE, à travers les débats sur la loi portant son statut et qui se dérouleront sous la coupole du Bardo par les élus de la Nation, les moyens de son fonctionnement et de son indépendance».
Cinq principes fondateurs et cinq chantiers urgents
Sous quelles formes et de quelle manière ? Personne ne s’est encore prononcé sur les détails. Ouvrant la cérémonie tenue un an jour pour jour après la constitution de l’ISIE, Kamel Jendoubi ne s’est pas contenté d’un simple bilan chiffré. Comme pour prendre l’opinion publique à témoin, il a énuméré cinq grands principes qui doivent être respectés dans la définition du statut et cinq grands chantiers qui restent à poursuivre et à renforcer.
Le tout premier principe ne peut être que le consensus, garantissant le respect et l’engagement de tous. Puis viennent la continuité qui n’est pas nécessairement la reconduction mais la capitalisation sur les acquis, la neutralité et le professionnalisme en bâtissant une administration électorale permanente efficace, le respect de toutes les institutions et l’indépendance. Quant aux chantiers ouverts et qui exigent une prise en charge immédiate, ils portent sur la mise à jour, sans plus tarder, du fichier électoral et l’accélération des nouvelles inscriptions, sachant que la moitié des électeurs n’y sont pas encore inscrits, la poursuite de la formation des équipes, la mise en place du premier noyau d’une administration permanente et indépendante des élections, la relance des campagnes de sensibilisation pour promouvoir la culture électorale et le renforcement du climat de confiance.
L’ISIE du 23 octobre tire ainsi le rideau, riche de son expérience et fière de sa performance. En attendant la naissance de sa nouvelle version qui ne saurait être moins indépendante et moins performante. Kamel Jendoubi et ses équipes, affichant légitimement le sentiment du devoir accompli et très attentifs quant au devenir de l’Instance, gardent grand espoir de voir l’expérience tunisienne inédite, consolidée.