Faut-il s'indigner des augmentations des indemnités parlementaires ?
Les augmentations (substantielles) des indemnités que les constituants viennent de s’octroyer font débat tant sur la Toile qu’au sein de la classe politique. Le sentiment qui domine, c’est l’indignation, d’autant plus que cette mesure a été prise en catimini, au cours d’une séance à huis clos. Qui plus est, elle intervient au plus mauvais moment. Quand on demande aux Tunisiens de faire des sacrifices, la moindre des choses est de montrer l'exemple. Une maladresse relevée, à juste titre, par le parti El Massar qui déplore le manque de transparence. Dans le même temps, ce parti réclame un réexamen de ces augmentations dans le cadre plus vaste d’une révision des salaires et indemnités accordés aux hauts fonctionnaires de l’Etat y compris ceux de la présidence de la république et dans le gouvernement et ce dans la transparence la plus totale
Sans le savoir et sans doute, sansle vouloir, les constituants viennent de mettre sur le tapis un problème lancinant que personne n’a eu, jusque-là, le courage de poser. Alors que la lutte contre la corruption et les malversations est engagée (avec un succès très relatif, il est vrai), il serait effectivement, opportun de se pencher sur les causes de ces fléaux, et en premier lieu, les rétributions ridiculement faibles dans la haute administration tunisienne, comparées à celles pratiquées dans les pays voisins.
Il peut paraître incongru d’aborder ce problème alors que le taux de chômage bat tous les records et qu’une majorité d’actifs est payée au SMIG. Mais un débat franc et dépassionné ne pourrait qu’être salutaire dans la mesure où il permettrait de trouver ne serait-ce qu’un début de solution à des problèmes réels (la faible rétribution de nos haut cadres) pour mieux combattre leurs corollaires obligés (corruption et fuite des cerveaux) dont l’économie nationale n’a pas fini de subir le contre coup.