L'intégration maghrébine : le salut viendra-t-il des cinq libertés ?
Moncef Marzouki a fait un rêve qu'il a décrit dans ses moindres détails aux participants du séminaire tenu vendredi au palais de Carthage sur le thème : «les cinq libertés, vision d'intégration» : «voir la réunion historique du Sommet maghrébin, prévue à Tunis, le 10 octobre 2013, déboucher sur un grand Maghreb où les maghrébins seront libres de circuler, de résider et de travailler, et où ils auront la liberté d’investir et de réaliser la citoyenneté maghrébine Ces cinq libertés seront les premières étapes sur la voie de l’intégration et le point de départ pour «le Maghreb des cinq institutions», à savoir le Parlement, la commission, la ligue, la constitution et la cour constitutionnelle».
«Mille fois sur le métier, remettez votre ouvrage». Depuis les années 60, la question de la construction maghrébine a fait l'objet de milliers de séminaires sans faire avancer ce grand dessein d'un iota. Les cinq libertés seront -elles le sésame qui nous permettra de réaliser le rêve carressé par la génération des indépendances. L'idée est loin d'enthousiasmer leurs épigones. Mais qui sait. Avec ces cinq libertés, ils pourront découvrir -et y prendre goût- les avantages d'un Maghreb où on peut circuler librement de Tanger à Tobrouk, où on se sentira partout chez soi, puisqu'on n'aura pas besoin de faire la queue pour obtenir une carte de séjour, où on pourra voter aux élections municipales et se sentir un citoyen maghrébin, comme l'a suggéré un intervenant. Ce séminaire comme ses devanciers aura permis aux hommes politiques et aux universitaires de faire étalage de leurs sentiments pro-maghrébins. Dans une belle unanimité, ils nous ont décrit ce Maghreb qui pourrait changer nos vies. Mais une question me brûle les lèvres : a-t-on bien étudié suffisamment les conséquences éventuelles de l'application des cinq libertés,notamment le droit de propriété ? A-t-on réfléchi à ses effets pervers et prévu les moyens de s'en prémunir ?