Olfa Hamdi : L'étudiante de l'Année aux Etats-Unis
Le Prix Abul Kassim Chebbi de l’Etudiant Tunisien de l’Année aux Etats-Unis ne pouvait être mieux attribué cette année qu’à Olfa Hamdi. Cette Gafsienne, sélectionnée par l’École Centrale de Lille (après des études au Lycée Pilote Bourguiba et à Louis Le Grand) pour partir en double diplôme aux États-Unis, réussit brillamment ses recherches à l’Université du Texas à Austin. Plus encore, elle fait partie d’un prestigieux think tank spécialisé en productivité et prédictibilité des grands projets de construction industrielle dans le domaine du pétrole et du gaz. En lui attribuant ce prix, après l’avoir décerné l’année dernière à Seif Khoufi (Harvard), le Tunisian Community Center, comme le souligne à Leaders son directeur, Ali Khemili, a voulu récompenser en elle « sa performance académique et son engagement pour l’excellence qui font d’elle une véritable ambassadrice de la jeunesse et de la culture tunisiennes aux Etats-Unis. Cette distinction lui sera remise lors de la célébration de la Journée tuniso-américaine, samedi 26 mai 2012. Après New York et Washington, c’est à Las Vegas que se déroulera cette année la grande «Hafla» qui drainera, de partout des Etats-Unis, des centaines de Tunisiens, pour des retrouvailles aussi chaleureuses que festives.
Son père, Moncef Hamdi, docteur en statistique (actuellement directeur régional au sein de l’Office national de l’huile), comme sa mère, Faiza Khannoussi Hamdi, « très généreuse maman et femme au foyer » l’avaient nourrie, comme ses deux frères Alaeddine et Mohamed Amine, de grandes valeurs patriotiques et de la détermination à réussir. Les pieds au Texas, mais le coeur est en Tunisie et les racines profondes encore plus à Gafsa, Olfa vibre de tous ses sens au rythme de cette révolution, réalisant combien la dignité en est le moteur, l’emploi et la liberté, ses fondements. En charge des activités à l’Université, très impliquée dans l’action du Tunisian Community Center en tant que chargée des relations publique, blogueuse, peintre et rayonnante, elle se dédie tant à ses études qu’à son pays. Sur son parcours, ses recherches, ses projets, la Tunisie et Gafsa, Olfa Hamdi a bien voulu répondre aux questions de Leaders.
J’ai été choisie comme unique membre-étudiant pour faire partie d’un groupe de recherche au sein du Construction Industry Institute (CII), un institut regroupant des «think-tanks» travaillant sur la promotion de la productivité et de la prédictibilité des grands projets de construction industrielle (Oil & Gas). Ce groupe de recherche que mes superviseurs, Dr Leite et Dr O’Brien encadrent, réunit des industriels américains et canadiens faisant partie de ceux qui sont en train de révolutionner l’industrie pétrolière mondiale. Je contribue par mon travail au sein de ce groupe au développement d’un modèle de management des projets de construction à investissement long terme tout au long de leur cycle de vie. Ce travail de recherche fait partie de ma thèse de master au sein du département Construction Engineering and Project Management au Cockrell School of Engineering à University of Texas at Austin.
Et vos activités à l’Université ?
Après avoir passé quatre ans d’études supérieures en France, j’ai été sélectionnée par l’École Centrale de Lille pour partir en double diplôme aux États-Unis. La vie au sein d’un campus américain et plus spécialement au sein d’une université regroupant plus de 40 000 étudiants offre des opportunités très enrichissantes de développement personnel. Je suis responsable des activités (Activities chair) au sein de la branche universitaire de l’association CMAA «Construction Management Association of America». Je suis aussi membre de plusieurs associations locales mais aussi d’autres à portée nationale dont l’African Student Association et l’Arab Student Association. J’ai participé à plusieurs comité de sélection dont :
• le comité de sélection de «l’Excellence in Graduate Research Award 2011 - 2012» à l’université en évaluant des candidatures de doctorants.
• le comité de sélection 2012 pour la Tunisie de TechWomen, un programme de mentorat et d’échanges professionnels avec les USA dédié aux femmes du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord à compétence technique.
Je fais aussi de la peinture engagée traitant des thèmes relatifs à la Tunisie et à la femme tunisienne plus particulièrement qui sont d’ailleurs mises en ligne. (http://olfahamdi.xtreemhost.com/)
Quels sont vos projets d’avenir ?
En France, comme aux États-Unis, j’ai toujours eu comme priorité la saisie de toute opportunité qui m’est offerte pour développer davantage mes compétences professionnelles et personnelles. Mon projet professionnel est orienté vers l’industrie de la construction pétrolière avec l’Afrique du Nord comme centre d’intérêt géographique large. La Tunisie, c’est bien elle qui m’a ouvert les portes de cet infini d’opportunités par la bourse d’État que j’ai obtenue en 2007 grâce à mes résultats au baccalauréat tunisien. Je suis reconnaissante à mon pays autour duquel tournent tous mes projets d’avenir.
Comment vivez-vous la révolution tunisienne et plus particulièrement la révolution à Gafsa ?
Née à Médenine, originaire de Gafsa à laquelle je suis fortement attachée, ayant vécu jusqu’à l’âge de 18 ans à Tunis et ayant étudié sur 3 continents différents, j’ai la chance de pouvoir voir la Tunisie et la Révolution de plusieurs perspectives. Malgré les différences entre les régions en termes de degré de développement économique, je reste convaincue que les Tunisiens ont une seule et même revendication, une seule et même aspiration : «la dignité». L’emploi et la liberté sont les fondements essentiels de la dignité.
J’inscris donc mes efforts et mes projets d’avenir dans la contribution à la réalisation de ces deux objectifs: la promotion de l’emploi et des compétences de nos jeunes, et la protection des libertés sous toutes leurs formes dans notre pays.
Entre les événements de 2008 à Gafsa et la Révolution de 2011, la Tunisie a sacrifié plus de 300 martyrs et des milliers de blessés pour que nous puissions vivre ce souffle de liberté; Comme tous les jeunes Tunisiens, je souhaite vivement que les choses avancent plus vite pour faire face aux problèmes qui ont donné naissance à cette révolution et je tiens beaucoup à ces acquis que la Révolution de la Dignité nous a offerts. En un mot, je rêve de ce jour où la Tunisie vivra le développement que son peuple mérite.
Quelle est votre expérience au sein du Tunisian Community Center ?
«Préférer une réforme modeste, qui en permet une autre, à un miracle impossible», disait Bourguiba. Cela étant ma devise dans la vie et dans mon engagement envers mon pays, j’ai décidé de m’engager en faveur de la communauté tunisienne à proximité et là où je me trouve à l’étranger pour pouvoir élargir mon engagement dans le futur. Dès mon arrivée aux États-Unis, j’ai rejoint le Tunisian Community Center: la plus importante organisation représentant la Tunisie aux USA.
Mon rôle au sein du TCC comme directrice des relations publiques et membre de l’Institut Ibn Khaldoun (le think-tank au sein du TCC regroupant l’élite tunisienne aux USA) consiste à :
• établir et entretenir les contacts et liens du TCC avec la société civile américaine et avec la communauté tunisienne et tuniso-américaine.
• contribuer à donner à l’opinion publique américaine une image de la réalité de la société tunisienne: une société dont la conscience civile est un élément moteur pour son chemin vers la démocratie.
• organiser des événements comme la Journée tuniso-américaine de 2012 (the 13th Tunisian American Day) qui se tiendra cette année à l’université du Nevada à Las Vegas le 26 mai.
• Promouvoir l’image du TCC par la création de blogs, entretien du site web et des réseaux sociaux
J’ai trouvé au sein du TCC un environnement propice à la créativité et à l’engagement libre et ambitieux et j’ai été soutenue et encouragée par plusieurs membres de l’organisation. Je compte varier mon engagement pour toucher à tous les aspects de cette organisation. Mon prochain objectif consiste à améliorer la présence estudiantine dans l’organisation par la promotion de la «Tunisian Student Federation».