Il y a quatre ans nous quittait Mohamed Charfi : un site web lui est dédié
6 juin 2012, quatre années depuis que feu Mohamed Charfi nous a quittés. Pour cette commémoration et afin de cultiver son souvenir, son épouse Faouzia et ses filles Samia, Fatma et Leila ont eu l’excellente initiative de lui dédier un site web : http://www.mohamedcharfi.com. On y trouve avec bonheur son parcours, ses publications, des articles de presse et des témoignages qui lui sont consacrés ainsi qu’un album photo. Certaines sections sont bien fournies, d’autres en cours de finalisation. Mais, déjà, l’essentiel est là. Sur la page d’accueil, un texte qui résume très bien le parcours de Mohamed Charfi :
Intellectuel tunisien juriste de renom et homme politique, défenseur des Droits de l’Homme, auteur de l’ouvrage de référence Islam et liberté, le malentendu historique, Mohamed Charfi a milité toute sa vie pour une Tunisie démocratique et moderne, fidèle à ses racines multiples et à ses traditions de liberté. Fin connaisseur du Coran et de l’islam et tout aussi attaché aux valeurs universelles, il défend l’Islam des lumières, celui de l’ouverture et du respect de l’autre. Il mène inlassablement un combat contre ceux qui le détournent de sa noble cause et prône la séparation du religieux et du politique.
Politisé dès l’enfance, il s’investit au début des années 1960, dans le syndicaliste estudiantin à Paris et participe à la création du mouvement de gauche « Perspectives », opposé à la dérive autoritaire du régime du Président Bourguiba, ce qui lui vaudra d’être condamné à deux ans d’emprisonnement.
Dès sa libération, il repend son combat pour les libertés, au sein de l’Union Générale des Travailleurs Tunisiens (UGTT) puis, au début des années 80, à la Ligue Tunisiennes de Défense des Droits de l’Homme (LTDH) dont il devient Vice-président et Président. Il se positionne clairement en faveur de la liberté de conscience et des droits des femmes et joue un rôle actif dans l’adoption de la charte de la LTDH.
Ministre de l’Education, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, durant les premières années de la présidence de Ben Ali, il s’attelle à la lourde tâche de réformer le système éducatif, convaincu que l’éducation est la clef du progrès et que les choix politiques doivent être clairement affirmés sur les questions essentielles et épineuses de l’identité, de la langue et de la religion, afin qu’il n’y ait plus d’ambiguïté sur l’esprit de l’enseignement. Il s’attire ainsi la haine des islamistes, qui réclameront sa démission. Il ne cédera pas. Quand il part du gouvernement en 1994, alors que le régime se durcit, c’est de son plein gré, pour retrouver sa liberté de parole.
Il continue à militer pour une Tunisie démocratique Il est l’initiateur du Manifeste du 20 mars 2001 qui dresse un réquisitoire sévère du régime de Ben Ali et alerte sur le risque que le « dernier mandat constitutionnel du Président en exercice» n’ « ouvre la voie à la Présidence à vie dont la Tunisie a déjà fait l’expérience et qui se déroulera certainement dans des conditions plus douloureuses et plus dramatiques ». Il s’investit également, de manière intense, sur la scène internationale. Membre du Groupe de Haut Niveau pour l’alliance des civilisations, créé en 2005 sous le patronage des Nations unies, il réaffirme son attachement à la modernité et fait valoir contre le relativisme et le culturalisme la nécessité de participer à l’universel. Il participe aux travaux du comité scientifique de la Fondation Arabe pour la pensée moderne dont l’objectif est de la délivrer la pensée arabe des clôtures dogmatiques religieuses et politiques. Il est aussi sollicité pour la rédaction de rapports sur le développement en tant qu’expert auprès du Programme des Nations unies pour le développement.
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