Les présidentielles égyptiennes des 16 et 17 juin : un scrutin déterminant pour les islamistes arabes
Le président égyptien déchu Hosni Moubarak, 84 ans, a été soumis lundi à une défibrillation à deux reprises après des arrêts cardiaques, a déclaré à l'AFP une source médicale à la prison où il est détenu depuis sa condamnation à la perpétuité le 2 juin. « Il est tantôt conscient, tantôt inconscient et refuse de se nourrir», a indiqué la source.
L’aggravation de l’état de santé de l’ex rais, feinte ou réelle, intervient à une semaine du deuxième tour des élections présidentielles égyptiennes qui mettra aux prises le candidat des frères musulmans, Mohamed Morsy et le dernier premier ministre de Moubarak, le général Chafik, présenté également comme le candidat de l’institution militaire.
Ces élections sont suivies avec beaucoup d’attention et d'inquiétude aussi par les partis de sensibilité islamique dans le monde arabe. Une défaite du candidat islamiste, survenant après la débâcle des islamistes algériens aux législatives pourrait annoncer le reflux de la vague verte qui avait déferlé sur les pays du printemps arabe, estiment les observateurs. C'est d'ailleurs ce qui explique la présence au Caire de délégations des partis frères venus prodiguer leurs conseils au candidat islamiste.
Si l’on se réfère aux résultats du premier tour où les deux candidats ont pratiquement obtenu le même nombre de voix et aux sondages à propos du 2e tour, l’hypothèse n’est pas à exclure, même si Mohamed Morsi bénéficiera de l'appui des Nassériens dont le candidat est arrivé en troisième position au premier tour et des autres partis de la mouvance islamiste ainsi que des jeunes révolutionnaires de la place Tahrir qui ne veulent pas entendre parler d'une victoire de Chafik. En revanche, ce dernier pourra compter sur la majorité silencieuse qui craint une concentration de tous les pouvoirs par les islamistes (ils contrôlent déjà l'Assemblée), les minorités, notamment les coptes qui représentent entre 10 et 15% de la population et surtout l'armée, omniprésente depuis la révolution de 1952 dans tous les rouages de l'Etat et qui contrôle le tiers de l'appareil de production du pays
Il est à noter que les prérogatives du président de la république ne sont pas encore fixées. Un conseil constitutionnel formé de juristes et de représentants des principaux partis s' attellera à la rédaction de la constitution et des prérogatives du chef de l'Etat au lendemain de ces élections.
B.H