"Après tout, ce sont nos enfants !"
Les sièges de l’UGTT et de trois partis de l’opposition attaqués à Jendouba et Tataouine, des postes de police et de la Garde nationale ainsi que le Tribunal de Tunis 2 incendiés à la cité El Intilaka et à l’Ariana, l’autoroute Tunis-Sfax coupée au niveau de l’Enfidha, de violentes émeutes à la Marsa, Carthage qui ne passent pas pour être des cités turbulentes. C’est à une véritable stratégie de la terre brûlée que l’on assiste depuis lundi. Au cours d’une séance d’audition mardi après midi, le ministre de l’intérieur, Ali Larayedh en a désigné les responsables, les salafistes extrémistes surtout, mais aussi les anarchistes, les repris de justice et les partisans de l'ancien régime. Mais le crime ne profite pas qu'à eux.
Ce qui frappe dans ces troubles, c’est leur ampleur et surtout leur synchronisation. Nous n’allons pas parler de complot, mais cela y ressemble terriblement, surtout quand on sait que ces incidents surviennent au plus mauvais moment avec des récoltes à protéger, des examens à sécuriser et des TO à rassurer à l’orée de la saison touristique. Ceux qui les ont provoqués le savent. Ils attendaient le moment propice pour passer à l’action. L’exposition d’El Ibdillya fut la divine surprise. On ne pouvait pas trouver un slogan plus mobilisateur que « l’atteinte au sacré » pour enflammer les foules.
Comment les salafistes dont le nombre ne dépassait pas quelques centaines au lendemain de la révolution ont acquis une telle audience en un an au point de constituer un danger majeur pour la paix civile ? Depuis des mois, Ennahdha s’est évertuée à minimiser leur capacité de nuisance et à prôner le dialogue avec eux. Au lieu de traiter le problème avec la rigueur requise, elle préféra pratiquer la politique de l'autruche en s'en remettant à la sagesse des salafistes et au fait qu«'ils sont après tout nos enfants». Le résultat est là. Ils représentent aujourd'hui un danger pour le pays mais aussi pour Ennahdha elle-même.