Le Chef d’Ennahdha Rached Ghannouchi a invité « les comités de quartiers à se reconstituer pour apporter leur renfort aux forces de l’ordre dans la préservations des biens et personnes et la protection de la révolution ». Lors d’une conférence de presse tenue ce mercredi matin au siège du bureau local de la Cité Ettahrir, il a indiqué que ces comités doivent rassembler les jeunes dans la diversité de leurs appartenances politiques et sociétales pour contribuer au retour de la sécurité, réfutant toute tendance de favoriser la constitution de milices ou de forces parallèles. « Toutes les forces révolutionnaires, a-t-il indiqué, doivent se mobiliser pour s’opposer à la violence, protéger la révolution et la défendre des contre-révolutionnaire, dans un élan patriotique d’unité nationale ».
Dans cette même expression de dénonciation de la violence et d’union nationale, Ghannouchi a appelé à une manifestation unitaire devant se tenir ce vendredi 15 juin, sous l’unique bannière du drapeau national. Cette manifestation partira après la prière du vendredi de la mosquée El Fath (Le passage), au centre-ville de la capitale.
Revenant sur les derniers évènements survenus dans le pays, le Chef d’Ennahdha a pointé du doigt les rcdistes et autres contre-révolutionnaires qui, a-t-il affirmé, ont su entrainer des fanatiques religieux et des casseurs parmi les criminels, dealers de drogue, vendeurs illicite de vins et auteurs de cambriolages dans une grave spirale de violence et d’attaques. « Ce cycle infernal, a-t-il précisé, partait de provocations diverses notamment à partir de profanations du sacré, à l’instar de ce qui s’était produit au Palais El Ebdellya, pour déclencher une violence inouïe, nourrie par la conjonction des salafistes extrémistes et violents, avec les criminels, les anarchistes, à l’instigation des rcdistes ».
Minimisant l’impact de l’appel lancé à l’insurrection par le chef d’Al Qaida, Aymen Dhaouahiri, dénonçant particulièrement Ennahdha, Ghannouchi a affirmé que « les Tunisiens sont peu sensibles à ce genre d’appel et ne sauraient se reconnaître en Al Qaida ». « L’unique aspect positif de cet appel, a-t-il souligné, c’est qu’il marque notre rupture totale avec Ennahdha ce qui nous disculpe, si besoin est, de cette accusation que certains voulaient nous mettre sur le dos ».
Rached Ghannouchi a révélé que l’huissier notaire mandaté par une association salafiste modérée pour dresser un constat des œuvres exposées à El Ebdelleya et jugée blasphématoire, en vue de déposer une plainte en justice, n’en était pas resté là. Il s’est ensuite rendu dans une mosquée pour exhorter les fidèles présents à dénoncer ces profanations et c’est ainsi que la nouvelle s’est répandue notamment auprès des jeunes, déclenchant les réactions enregistrées. Gardant le cap sur sa ligne initiale, le chef d’Ennahdha refuse de mettre toutes les composantes salafistes dans le même sac, se limitant à dénoncer les factions extrémistes s’adonnant à la violence et enfreignant la loi. Il prône «le dialogue et le débat avec les autres», affirmant sa forte conviction de parvenir avec eux à des positions raisonnables.
« On veut nous entrainer vers la confrontation violente, avec eux et d’autres, les arrestations massives, les échafauds, a-t-il dit, mais ils oublient que notre révolution est celle du jasmin et non du sang ».
Interrogé sur les limites du gouvernement actuel et la nécessité de réviser sa composition voire de le reconstituer dans le cadre d’un gouvernement de salut public, Rached Ghannouchi a souligné que « l’ouverture et le renouvellement sont toujours souhaitables, surtout que certaines parties qui ont recueilli des voix lors des dernières élections ne sont pas représentées au sein du gouvernement. Mais, nous ne saurions accepter de nous contenter d’un gouvernement de technocrates ».
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