Sommet de Rio+20: quels enjeux pour la Tunisie
La Tunisie saura-t-elle faire valoir ses potentialités et s’affirmer en chef de file régional en matière d’économie verte en accueillant un centre africain dédié ? C’est l’un des principaux objectifs de la délégation tunisienne au sommet mondial sur le développement durable qui se tiendra du 20 au 22 juin à Rio de Janeiro (Brésil). Conduite par le président de la République Moncef Marzouki, la délégation comprendra notamment la ministre de l’Environnement et du Développement Durable, Memia El Benna Zayani, ainsi que les ministres des Affaires étrangère, Rafik Abdessalem et du Développement régional, Jamel Gharbi. La société civile prendra part, de son côté aux manifestations parallèles prévues du 15 au 19 juin courant, mais faute de ressources, le nombre des organisations et associations qui y seront représentées reste réduit. L’UGTT a cependant confirmé sa participation.
Deux grandes questions inscrites à l’ordre du jour du sommet ne sont pas encore totalement tranchées. La première concernant l’économie verte qui doit tenir compte à la fois des aspects environnementaux et sociaux, préserver les ressources naturelles, utiliser des énergies propres à faible consommation de carbone et favoriser une approche sociale inclusive. Les pays émergents ont le sentiment que les pays développés marquent leur désengagement par rapport aux engagements pris à Rio en 1992 et Johansbourg en 2002 et attendent qu’ils réaffirment de manière solennelle et effective leurs positions à cet égard, notamment pour ce qui des émanations et des crédits carbone. Autant que la pression s’exerce sur les pays émergents pour promouvoir une économie verte, autant que les pays occidentaux semblent se délier de leurs charges. D’où la nécessité d’un nouvel engagement commun.
La deuxième question concerne le renforcement institutionnel. Deux approches sont en débat. La première, prônée par l’Union européenne (surtout la France et l’Allemagne) et soutenue par les pays africains consiste à convertir le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE, basé à Naïrobi), en véritable agence spécialisée de l’ONU, à l’instar de l’ONUDI, l’UNICEF, l’UNESCO et autres. Les Etats-Unis s’opposent à cette approche qui cantonne l’approche dans sa dimension purement environnementale sans intégrer en totale convergence les aspects économiques et sociaux.
La seconde préfère recommander l’élargissant des prérogatives du Conseil économique et social de l’ONU pour en faire un Conseil du développement durable. En attendant la décision finale, la Tunisie œuvre pour l’implantation d’un segment régional du PNUE consacré à l’Afrique du Nord, et installé dans la région par souci de proximité et de synergie.
Par ailleurs, le projet de déclaration politique finale du sommet fait actuellement l’objet de grand débats au niveau préparatoire, lors d’un dernier round qui se poursuit actuellement à Rio, mais avancent lentement. Sur les 359 paragraphes du projet initial, seuls 70 d’entre eux ont pu être examinés.
Interrogée par Leaders sur les prépartifs engagés, la ministre de l’Environnement et du Développement Durable, Memia El Benna Zayani a indiqué que tout un processus avait été initié depuis des mois afin d’associer les différentes parties concernées et notamment la société civile dans la préparation de la participation de la Tunisie au Sommet de Rio. Plus particulièrement, un séminaire sur le financement bancaire des projets à dimension développement durable a été organisé récemment.
De même, le rapport national de la Tunisie sur le développement durable a été finalisé dès octobre dernier et transmis à l’ONU pour présentation lors du Sommet de Rio.
Ses principales recommandations sont :
Nécessité de soutien international pour préparer une stratégie d’économie verte et choisir
les secteurs prometteurs ;
- Possibilité de renforcer les mécanismes et les moyens de promotion du secteur des
énergies renouvelables (solaire et éolienne) ;
- Mieux analyser la gouvernance du DD et l’approche participative au niveau local et régional
en Tunisie ;
- Inclure la communication et la sensibilisation dans le domaine de l’EV et du DD comme étant un axe stratégique ;
- Importance de la volonté politique pour progresser dans la voie de la durabilité ;
- Mieux analyser l’efficacité du Système des Nations Unies en matière d’appui et de renforcement des capacités de la Tunisie pour le Développement durable ;
- Besoin urgent d’un renforcement des capacités de la Tunisie en matière d’information et d’indicateurs humains et sociaux (pauvreté, chômage …) ;
- Besoin d’une définition claire de l’économie verte et quelle différence entre économie
verte et croissance verte ;
- Mieux justifier l’adoption de l’économie verte, un choix ou une obligation pour la Tunisie ;
- Importance d’une vision globale du développement intégrant les quatre piliers : l’économique, le social, l’environnemental et le culturel ;
- Une vision régionale tenant compte des spécificités Arabes, Méditerranéennes et Africaines serait nécessaire ;
- Proposition de faire d’autres journées de discussion sur les différents thèmes du développement durable, même après le sommet Rio + 20 ;
- Importance de réfléchir sur le cadre juridique de l’économie verte ;
- Secteur des bâtiments important à développer du point de vue de l’EV.
Télécharger le Rapport national tunisien pour 2011