News - 16.06.2012
Caïd Essebsi : «Ca suffit… Rassemblons-nous!»
«La situation dans le pays est tellement difficile que le gouvernement actuel ne saurait y faire face à lui tout seul. Il doit se résoudre à faire appel à toutes les forces vives de la nation, partis politiques, UGTT et autres composantes de la société civiles, pour entreprendre ensemble une mission urgente et impérative de salut public ». Tel est le message central lancé par l’ancien Premier ministre, Béji Caïd Essebsi, samedi matin devant près de 3000 de ses partisans réunis au Palais des Congrès à l’occasion de l’annonce de la création de son parti « l’Appel de La Tunisie».
Pendant plus d’une heure, sur un ton grave qu'il sait tempérer par son humour légendaire et ses fléchettes ciselées, il a tour-à-tour mis en doute la thèse officielle des provocations et profanations du sacré ayant déclenché la récente vague de violence, montré les limites du gouvernement dirigé par Ennahdha, souligné la fragilité de la Troïka et mentionné clairement les principes fondateusr de son nouveau parti qu’il maintient ouvert à tous « y compris les Destouriens », précisera-t-il. Pour Caïd Essebsi, l’escalade de la violence ne saurait se résumer à des réactions à des œuvres d’art, mais le fait de groupes qui contestent l’Etat dans son essence et n’acceptent pas un modèle social tunisien forgé depuis plus de 50 ans, fait de tolérance et de modernité, allant jusqu’à récuser le drapeau et l’hymne national. « Ceux-ci, assénera-t-il, ne peuvent pas çetre considérés comme des musulmans et ne sauraient se prévaloir des nobles préceptes de notre religion ».
La thèse officielle de la provocation, estime-t-il ne peut résoudre le problème dont la seule solution est d’opposer à la violence des fanatiques, celle, légitime, de l’Etat qui doit user de toutes ses forces pour restaurer l’ordre et la sécurité. « Seuls, vous n’y arriverez pas, s’adressera-t-il au gouvernement. Il faut que le peule tout entier se mobilise avec vous contre ce fléau et vous devez prendre l’initiative de rassembler les Tunisiens, en reconnaissant l’impératif de collaborer avec tous, condamnant fermement la violence et chercher à construire le plus large consensus possible ».
Béji Caïd Essebsi a affirmé que la Tunisie qui a totalement rejeté le système du parti unique ne pouvait accepter aujourd’hui, l'émergence d'un parti dominant et que la légitimité des urnes est d’abord limitée dans le temps, à savoir une année et pour élaborer la constitution. Elle est conditionnée par la légitimité de l’accomplissement réussi du mandat mais aussi et surtout par celle qu’il considère comme la légitimité suprême à savoir le consensus.
Présentant son nouveau parti, il révèle qu’il avait d’abord pensé à créer un mouvement, mais faute de cadre légal approprié, il s’est résolu à choisir le statut de parti qu’il entend construire comme «un large rassemblement des Tunisiens, sans exclusion, non dans l’opposition à Ennahdha, mais dans la participation positive et constructive au service de la Tunisie ». Caïd Essebsi énoncera neuf grands principes fondateurs fixés en plateforme d’adhésion pour toutes les formations qui envisagent de s’y joindre. Il s’agit de l’attachement à l’Etat, le maintien intégral de l’article premier de la Constitution de 1959, du respect dû au drapeau et à l’hymne officiel, de la préservation des acquis de la nation depuis l’indépendance, et notamment le Code du Statut Personnel, de l’affirmation de la citoyenneté comme mode de vivre ensemble, de l’affirmation de la démocratie, de l’instauration de la justice sociale à travers un développement régional équitable, de la condamnation de la violence et du rejet de toute exclusion.
Il conclura en réitérant son appel au gouvernement de prendre l’initiative de réunir toutes les forces vives de la nation et sceller un véritable consensus pour le salut public. Sous les applaudissements nourris de la salle qui, à plusieurs reprises entonnera dans l’enthousiasme, l’hymne national.